2025-11-27 00:42:48 Épisode 33
Épisode 33 : Comprendre les effets invisibles des traumatismes cranio-cérébraux avec l’ancien joueur de la LCF et vétéran Ryan Carey
Dans cet épisode de L’Esprit au-delà de la mission, les animateurs Brian McKenna et Laryssa Lamrock accueillent leur invité Ryan Carey, vétéran des Forces armées canadiennes, ancien joueur de la Ligue canadienne de football (LCF), musicien et entraîneur de football, pour une conversation franche sur la santé du cerveau, les traumatismes cranio-cérébraux et la vie après le service militaire.
Ryan nous fait part de ses expériences athlétiques tant militaires que professionnelles, en examinant comment les coups répétitifs peuvent affecter le fonctionnement du cerveau et en partageant des stratégies pratiques pour maintenir la santé du cerveau. Brian, Laryssa et Ryan examinent également le rôle souvent négligé des membres de la famille et des aidants naturels, les réalités tacites entourant la transition vers la vie après le service militaire et l’évolution continue des pratiques de sécurité dans les forces armées et dans les sports. Tout au long de la discussion, ils soulignent l’importance des soins personnels, de la solidarité et du soutien par les pairs pour relever les défis physiques et psychologiques.
Ryan Carey a été repêché au quatrième rang lors du repêchage de la LCF en 1994 et a joué pendant cinq ans avec les Blue Bombers de Winnipeg et les Roughriders de la Saskatchewan. Il a servi comme officier d’infanterie au sein du Royal Canadian Regiment de 2002 à 2016. Ryan a fait don de son cerveau pour la science et dirige le projet S’enrôler, qui sensibilise aux traumatismes crâniens dans les forces armées pour la Concussion Legacy Foundation Canada.
Thèmes clés
- Les répercussions physiques et psychologiques des traumatismes crâniens répétitifs
- Stratégies pratiques de gestion de la santé du cerveau
- Progrès dans la compréhension de la santé du cerveau par les organisations militaires et sportives et adoption de pratiques plus sécuritaires
- Les différences de symptômes entre le trouble de stress post-traumatique et les traumatismes cranio-cérébraux
- Composer avec la perte de mémoire et l’évolution des capacités après une blessure
- L’importance de la communication et du soutien de la famille, des pairs et des aidants naturels
Vous souhaitez en apprendre davantage sur les traumatismes cranio-cérébraux?
Écoutez la participation précédente de Ryan à L’esprit au-delà de la mission où il s’est joint à Brian et à Laryssa pour discuter de traumatisme cranio-cérébral et de la santé du cerveau.
Ressources
- Ressources sur les traumatismes cranio-cérébraux pour les vétérans, les membres de leur famille et les personnes qui travaillent avec eux
- Traumatisme cranio-cérébral et trouble de stress post-traumatique (TSPT)
- Concussion Legacy Foundation
- Projet S’enrôler
- Opération Santé Cérébrale
- Le Corps n’oublie rien : le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme par Bessel van der Kolk
- Site Web de ressources de Lésions cérébrales Canada
Écouter sur
L’ESPRIT AU-DELÀ DE LA MISSION ÉPISODE 33 — COMPRENDRE LES EFFETS INVISIBLES DES TRAUMATISMES CRANIO-CÉRÉBRAUX AVEC L’ANCIEN JOUEUR DE LA LCF ET VÉTÉRAN RYAN CAREY
Brian McKenna
Bienvenue à L’esprit au-delà de la mission, un balado pour et par les vétérans et les membres de leur famille. Je suis l’un de vos animateurs, Brian McKenna, conseiller stratégique de l’Institut Atlas pour les vétérans et leur famille et soldat canadien à la retraite.
Laryssa Lamrock
Je m’appelle Laryssa Lamrock, je suis conseillère stratégique à l’Institut Atlas et fière membre d’une famille militaire. Dans ce balado, nous aborderons les problèmes concrets rencontrés par les vétérans, les anciens membres de la GRC et leurs familles.
Brian
Nous ne vous promettons pas que tout sera parfait, mais nous pouvons vous assurer que nous aborderons avec sincérité les expériences que beaucoup d’entre nous ont en commun, mais dont nous ne parlons pas toujours, ou dont nous ne savons pas nécessairement où ni comment parler.
Laryssa
Nous espérons que vous trouverez de la solidarité dans nos paroles et nos expériences, et surtout, que vous trouverez l’espoir que les choses peuvent vraiment s’améliorer. Vous pouvez vivre pleinement le moment présent et mener une vie authentique.
Brian
Allons-y. On est de retour pour un nouvel épisode de L’esprit au-delà de la mission. On est de nouveau ici, à Ottawa, ce qui est agréable. C’est bien avec le monde de la technologie, et on va en profiter un peu aujourd’hui avec notre invité. C’est vraiment bon de te revoir, c’est bon de travailler, de refaire ça. Comme d’habitude, on est avec Laryssa, et on a un invité qui revient régulièrement. Aujourd’hui, on va recevoir Monsieur Ryan Carey. Pour ceux qui ne connaissent pas Ryan, c’est un gars super intéressant qui a servi dans les Forces armées canadiennes, où il a servi avec honneur, et on va parler de ça, mais on va aussi voir l’autre côté de ce qu’il sait sur le cerveau.
Il s’y connaît un peu, car en plus de son service dans les Forces armées canadiennes, il a joué dans la Ligue canadienne de football (LCF). On l’a récemment invité à participer à une session artistique avec nous. L’artiste, vétéran et joueur de football Ryan Carey se joint à nous aujourd’hui pour parler du cerveau.
Ryan Carey
Nous portons tous plusieurs chapeaux, pas vrai? Voilà.
Brian
On voulait creuser un peu plus ce qui se passe vraiment physiquement dans notre cerveau. C’est pas parce qu’on veut ignorer le côté santé mentale. En fait, on veut accompagner le débat sur la santé mentale et discuter un peu plus de ce qui se passe physiquement dans cet organe dans notre tête. Si on regarde le monde des opérations militaires, un retournement de véhicule peut avoir un impact sur le côté auquel votre corps ne s’attendait pas. Vous pourriez être exposé à une surpression. Vous pourriez évidemment être victime d’une explosion très, très catastrophique.
Il y a aussi 15 ans de combat au bâton. Il suffit de sauter à l’arrière d’un véhicule avec un casque encombrant et de vous frapper à la tête. Vous écoutez les explications d’un parachutiste sur ce qui se passe dans son corps, et il vous parle des talons, du dos, du bassin, des genoux, mais parfois il oublie de mentionner ce qui se passe dans sa tête, dans son cerveau.
Ryan
Je dirais aussi que j’ai entendu des histoires. Je n’étais pas dans la marine, mais j’ai été sur un bateau, attaché et secoué dans tous les sens. J’ai souvent été près d’avions, et je sais ce qui arrive à nos pilotes. On ne sait pas, mais on sait que le monde devrait se concentrer en ce moment sur les coups répétés à la tête, ces petits coups répétés à la tête, ou l’énergie répétitive qui entre dans le cerveau, peu importe comment les gens intelligents veulent l’appeler, c’est une agression contre le cerveau, et il a été démontré, prouvé, je pense, par une science assez simple, que c’est un problème qu’on devrait examiner dans tous les domaines de la vie. C’est aussi important que ça.
On pense que c’est un problème endémique, mais ce qui est cool, c’est qu’il y a deux ou trois ans, je pensais qu’il n’y avait aucun espoir, et je peux te dire que participer à cette conférence de l’ICRSMV et voir le super boulot que tout le monde fait et le niveau de soins que les gens apportent aux vétérans en général m’a vraiment réchauffé le cœur. C’était super pour moi spirituellement d’être là et de me dire : « Wow, il y a des gens qui travaillent là-dessus, parce qu’on en parle depuis des années. C’est juste que le monde est aussi plein d’informations. C’est pas comme si on était les seuls à avoir raison. »
Je pense que beaucoup de gens ont raison à ce sujet. Je vais vous confier quelque chose de personnel. Comme vous le savez, mon père a fait la guerre du Vietnam. Il a fait deux tours. Ma mère m’a dit il y a plus de 40 ans qu’il avait des lésions cérébrales. Elle étudiait pour devenir infirmière. Je pense que ça dure depuis très, très longtemps. Je dirais qu’on en est à un stade où c’est assez clair pour moi, et Ken Dryden, que Dieu ait son âme, disait : « Le temps des discours est révolu. On doit agir. On doit prendre des mesures et passer à l’action. »
Tu sais quoi? Je vois des gens faire ça. Je suis entraîneur de football maintenant. Je vois ça. Je vois le changement. Je vois les efforts des Forces armées canadiennes. Ça a été super facile de faire affaire avec les Forces armées canadiennes. Ils mettent des trucs en place. On a passé des heures à discuter avec eux au ICRSMV. On a été en ligne avec eux. La collaboration est incroyable. Certaines agences sportives semblent penser que « non, ce n’est pas grave ». À terme, elles vont être tenues responsables, car je pense que la science en est finalement au point où les médecins disent : « Fumer, ce n’est peut-être pas bon. Nous devrions peut-être nous pencher sur la question », mais il n’y avait aucune donnée scientifique pour étayer cela.
Ensuite, il a fallu se battre pour prouver que c’était bien le cas. Je pense que c’est un peu pareil avec les traumatismes crâniens. Évidemment, si tu t’engages dans les forces armées, je pense que chaque soldat devrait avoir droit à une prise en charge médicale plus solide, en partant du principe qu’il risque de se cogner la tête souvent pendant son service.
Laryssa
J’ai huit questions à te poser, Ryan. Merci pour ça. Je pense que je veux juste donner un peu de contexte aux gens. Tu as mentionné l’ICRSMV à plusieurs reprises. C’est un acronyme que la plupart des militaires ne connaissent probablement pas. On y a tous les trois participé cette semaine. Ce qui nous amène, Brian et moi, en ville, c’est surtout la conférence de recherche de l’ICRSMV. Le ICRSMV, c’est l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans. Beaucoup de vétérans et de militaires ne savent pas que ça existe, c’est comme une conférence internationale.
Cette année, 800 personnes se sont réunies pour parler de la santé des militaires, des vétérans et de leurs familles, ce qui est super encourageant. Ils ont abordé plein de sujets, comme les traumatismes crâniens et la santé du cerveau. Je ne peux même pas tout énumérer. Si ça intéresse quelqu’un, il peut aller voir plus en détail. Je voulais aussi dire que ta mère, Ryan, a été super perspicace de mentionner, grâce à son expérience d’infirmière, qu’il y avait un traumatisme crânien. Je pense que c’est une réaction automatique pour beaucoup d’entre nous, parce qu’on parle tellement du TSPT que quand y a un problème, on pense tout de suite : « OK, bon, y a des troubles de la mémoire, ou des changements de comportement, ou autre, ça doit être un TSPT. »
Je pense qu’ils passent à côté de l’essentiel, comme tu le dis, en prenant du recul et en évaluant et en considérant plus en profondeur qu’il s’agit peut-être d’une lésion cérébrale physique.
Ryan
Oui, un truc que j’ai remarqué ces derniers jours, c’est que je ne suis pas médecin, tout le monde autour de moi le sait. Je ne peux pas vraiment te dire où en est la science, mais ce que je peux te dire, c’est qu’avant, lors des conférences, on parlait très peu de cet organe dans notre tête en tant qu’organe physique, de ce qui s’y passe et de l’impact des lésions cérébrales sur nous. Avant, je ne le voyais pas, et ça m’énervait vraiment. Ce que je peux dire aux gens de notre communauté, c’est que les gens sont désormais pris en compte. Je ne peux pas te donner une évaluation plus approfondie de la situation parce que, franchement, quand on fait de la science correctement, on regarde ce qui se passe.
On ne commence pas par imaginer ce qui se passe, puis à chercher des preuves pour étayer notre position, ce qui est un point intéressant qui a été soulevé lors de cette conférence. Je regarde le programme. Je regarde les talents qui sont dans la salle. Je suis aussi super content de voir que le système de santé canadien et celui des Forces armées canadiennes font tout pour s’améliorer. Si les Néo-Zélandais et les Britanniques font mieux que nous, apprenons de eux. Je n’aime pas le patriotisme mal placé.
Brian
On n’a pas le temps de réinventer la roue. Ouais, c’est ça.
Ryan
On n’a pas besoin de faire ça. S’ils sont en avance sur nous, on n’a qu’à les suivre.
Brian
Je pense que les vétérans peuvent mettre ça en avant en disant : « Hé, vous nous demandez de coopérer avec eux dans des situations extrêmes. Continuons à le faire. » On crée de bons liens. On se fait de bons amis dans ces environnements.
Ryan
C’est pas ça le but, non? Quand je repense à mon histoire, je vois un soldat britannique, un soldat australien et un soldat américain dans le même véhicule que moi. Oui, on est tous différents, mais si ce véhicule se fait toucher, on est tous dans le même bateau. Je n’ai pas besoin d’un plan canadien. J’ai besoin d’un plan qui fonctionne.
Brian
C’est vrai. Il n’y a qu’un seul problème à ce stade de ta vie. [rires]
Ryan
Je voudrais revenir sur un truc que Laryssa a dit. Ça me rappelle une conversation qu’on a eue hier soir, sur le lien entre la mémoire et les traumatismes crâniens. Certaines personnes de notre entourage peuvent avoir l’impression qu’on les ignore ou qu’on oublie ce qu’elles nous ont rappelé deux ou trois fois, alors que ça devrait être enregistré dans la partie « vraiment importante » de notre cerveau, mais pour une raison quelconque, ce n’est pas le cas. Hier soir, elle a commencé à raconter une histoire, et j’ai pu lui rappeler ce qu’elle avait mangé lors de ce dîner il y a trois ans et qui était assis en face de qui. Est-ce que je pouvais me rappeler exactement à quelle session j’allais assister ce matin, dans quelle salle j’allais faire ma présentation? Est-ce que je pouvais me souvenir de mon badge? J’ai quitté la pièce en oubliant presque ma clé. J’ai dû enfoncer mon pied dans la porte. Comment expliquer ça? C’est comme si on pouvait ressortir des souvenirs enfouis au plus profond de notre mémoire, se rappeler la couleur des chaussettes de quelqu’un, mais pas ce qu’une personne qui compte pour nous a dit hier.
Brian
Bon, je pense que ce qui se passe, c’est un mélange de plusieurs choses, non? Oui, je comprends ce que tu veux dire. Évidemment, il y a eu beaucoup de traumatismes crâniens. Je pense que certaines fonctions exécutives sont peut-être compromises, mais en même temps, le cerveau est super neuroplastique. Il peut s’adapter. Il peut changer. On voit que quand on essaie d’être en aussi bonne santé physique que possible, ça améliore le flux sanguin vers le cerveau. Ça donne au cerveau de meilleurs composés chimiques pour fonctionner, parce qu’on mange les bons aliments, ce qui améliore la neurochimie.
Ça fait monter des hormones positives qui viennent de l’estomac. On les appelle des neurotransmetteurs. Encore une fois, je ne suis pas médecin. J’apprends juste ça des médecins. Ça fait partie de l’opération « Santé cérébrale », qui est dans le projet Enlist, et qui parle de l’importance de la santé physique là-dedans. Si ta santé physique est compromise, certaines personnes ont des problèmes de santé. L’une des choses qu’elles signalent tout de suite, c’est un cerveau embrumé. Oui, c’est parce qu’elles ne reçoivent pas ça. Je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu. C’est pourquoi je crois qu’il est super important de garder le cerveau en bonne santé, surtout si tu as subi un traumatisme, parce que je pense que c’est logique.
Un cerveau en meilleure santé te donnera l’espace nécessaire pour affronter les traumatismes auxquels beaucoup de vétérans sont confrontés. Beaucoup de vétérans sont confrontés non seulement à la guerre, mais soyons honnêtes, beaucoup de gens qui s’engagent dans les forces armées, je ne sais pas exactement quel est le pourcentage, viennent de milieux difficiles ou ont un passé militaire où c’est juste la norme, la dureté. Peut-être qu’ils doivent réfléchir plus profondément et revenir à leur enfance pour se demander ce qui s’est passé à ce moment-là. Peut-être qu’ils doivent le faire, et pour ça, il faut être en bonne santé. C’est une guerre que tu dois mener. Tu dois retourner dans des endroits inconfortables.
Je pense qu’il faut être en bonne santé physique. J’ai participé à des séances où je suis retourné dans certains de ces endroits, et après, j’avais l’impression d’avoir un sac à dos de 500 kilos sur le dos. J’ai compris que c’était juste un manque d’énergie. Qu’est-ce que j’ai fait? Je n’avais pas l’énergie pour faire quoi que ce soit, mais je suis allé faire une longue balade et ça m’a aidé à me sentir mieux.
Laryssa
Oui. On a un peu parlé de la santé cérébrale en général, et je pense que ça pourrait s’appliquer aux traumatismes crâniens, au TSPT ou à tout autre trouble de ce genre. T’as clairement parlé de l’aspect physique, et on dirait que t’as fait beaucoup d’efforts, Ryan, pour garder et améliorer ta propre santé cérébrale. Depuis que je te connais, je vois que tu le fais de plein de façons différentes, et clairement sur le plan physique. J’aimerais vraiment savoir quels sont les autres aspects de cette santé cérébrale. Je suis curieuse de voir où tu vas avec ça, parce que j’ai une hypothèse sur quelque chose que tu nous as dit l’autre soir.
Ouais, c’est quoi les autres choses qui t’aident à garder ton cerveau en forme?
Ryan
Pour moi, ça revient en fait à abaisser la barre.
Laryssa
D’accord. Comment tu veux dire?
Ryan
Il y a des moments dans la vie où on est un peu plus stressé. Cette semaine, pour moi, c’est une de ces semaines. J’ai dû aller à Montréal. Désolé, aller de Montréal à Ottawa pour l’ICRSMV. Super. J’ai dû revenir ici. J’ai dû donner un cours hier. Demain, je pars pour Toronto. Un long trajet en bus, entraîner l’équipe de football. Retour tard vendredi soir. Ça suffit comme stress. Je fais une pause à la salle de sport et je marche parce que je ne veux pas stresser mon corps davantage. J’essaie de me détendre un peu plus parce que le stress est là. Qu’est-ce que je fais? Je fais des exercices de respiration. Je médite. Je passe autant de temps que possible avec les choses qui sont importantes. Ma famille. J’ai ma musique.
C’est tout ça. C’est comprendre que, oui, tu dois bouger. Oui, tu dois bien manger. Oui, tu dois faire des choses qui sont bonnes pour ton cerveau, comme marcher. Il y a aussi d’autres petites choses que tu peux faire et utiliser comme outils quand ces pensées obsédantes apparaissent ou quand tu ne te sens pas bien. Je pense qu’il y a des moments où tu dois accepter ça, et d’autres où c’est juste physique, et où tu dois juste faire quelque chose pour ne plus te sentir comme ça. Je pense que les gens vivent ça. Les médicaments ne résolvent pas toujours le problème.
C’est juste un truc que tu vas devoir apprendre à gérer à un moment donné parce que t’as une blessure. T’as probablement un traumatisme crânien. On t’a sûrement diagnostiqué un stress post-traumatique et tu sais que c’est normal. Avoir un stress post-traumatique, ça veut dire que tu vas avoir des moments d’anxiété et peut-être des moments où tu glisses vers la dépression. Voici la différence. Si tu travailles sur tous ces aspects, tu peux les sentir arriver. Tu peux sentir l’anxiété monter si tu sais à quoi elle ressemble, car normalement, l’anxiété commence dans le corps. Est-ce que cela vient d’un traumatisme crânien? Ne t’en fais pas.
Il faut juste comprendre que ça commence physiquement, et c’est pour ça que la respiration est importante, parce que ça t’apprend à contrôler ça.
Brian
Pour moi, quand je suis stressé mentalement, je le sens d’abord dans mon cou, surtout à cause de l’anxiété. J’ai l’impression que mon cou grossit. En fait, je me suis déjà mis devant le miroir quand j’ai senti ça arriver, et on dirait vraiment qu’il gonfle, et je rougis clairement. C’est là que je sais maintenant — et je dis « maintenant » parce que ça fait 15 ans que je gère ça — que j’ai franchi la ligne. Il y a de fortes chances que mon instinct me l’ait dit il y a un moment, mais je ne l’ai pas écouté…
Ryan
Le corps garde les traces.
Brian
— ou alors je faisais juste semblant. Oh, ça ne s’arrête jamais. Ça garde une trace et ça te rappelle que tu as aussi perdu l’autre jour.
Ryan
C’est un super livre du Dr Van der Kolk, juste pour info, si tu veux ajouter des notes dans le balado. The Body Keeps the Score est un livre génial qui parle de ça.
Brian
C’est l’un des premiers symptômes qui m’ont été signalés. Ce que je voulais te dire, c’est que c’est ça, l’anxiété. Quand je sais que j’ai, quand tout mon système a des problèmes liés à un traumatisme crânien, ce qui se passe, c’est que je commence à voir un voile vert, un peu comme si je regardais à travers un verre coloré, et juste au centre de mon champ de vision. Maintenant, j’en suis à un point où je peux faire la différence. Comment tu perçois ces choses? Tu viens de dire que tu le sens arriver dans une certaine mesure. Qu’est-ce que tu ressens?
Ryan
Normalement, pour moi, c’est comme une montée d’adrénaline. Je le sens littéralement dans mes tripes en premier. La seule raison pour laquelle je m’identifie vraiment à ça, c’est parce que quelqu’un me l’a dit il y a des années, et ça m’est resté. Cette personne m’a dit que chaque fois que tu ressens un trouble intérieur, ta réaction immédiate doit être le silence, ne pas y répondre. C’est comme ça. C’est normal. Ne réagis pas à ce que ça te fait ressentir. Qu’est-ce que ça peut te faire ressentir? Ça peut te frustrer. Ça peut se manifester sous forme de frustration. La colère commence par quelque chose. J’essayais de gérer ma rage au volant, ma colère.
La plupart des vétérans ne sont pas d’accord. C’est comme si on disait : « Oh non, on peut augmenter le volume. » Ça fait peur à tout le monde autour de toi. Tu dois comprendre que c’est un truc normal avec les traumatismes crâniens et le TSPT, mais tu dois commencer à travailler là-dessus. Tu dois travailler là-dessus. Ça vient d’un endroit profond où tu dois aller, probablement dans ta psychologie, mais encore une fois, on revient à essayer d’être en aussi bonne santé physique que possible pour que tu puisses aller à ces séances. Oui.
Brian
Ils s’influencent mutuellement. C’est comme si je faisais semblant de ne pas avoir de problèmes de vue, alors je faisais semblant de pouvoir conduire correctement jusqu’à l’épicerie. Je peux faire semblant de pouvoir finir de relire ce rapport, mais je n’y arrive pas. Maintenant, je manque de temps. Maintenant, je suis frustré parce que je suis en retard, que les choses sont retardées. Tout ça, d’une certaine manière, probablement parce que j’ai ignoré un indicateur il y a quelque temps. C’est moi qui parle de la façon dont je vis ça. Que voyez-vous quand les gens font partie de votre vie, parce que c’est pour ça que vous êtes à cette table, puisque vous vivez avec des gens qui font face à ces choses.
À quoi ça ressemble quand t’es pas dans ce corps, mais que tu regardes ça se passer autour de toi?
Laryssa
C’est curieux, parce que je me demandais ce qui se passait pour vous, Ryan et Brian, pendant que vous discutiez tous les deux. Il y a des gens autour de vous pendant que vous vivez ça, par exemple quand vous allez faire vos courses, quand vous rédigez vos rapports, que ce soit vos collègues, votre famille, il y a des gens autour de vous. Je peux surtout parler pour moi, mais beaucoup d’autres membres de la famille à qui je parle, au début, si vous ne nous en parlez pas, on le prend personnellement. On pense que vous n’êtes pas intéressés, que vous êtes en colère contre nous, que la relation ne va pas bien.
Je pense que beaucoup de membres de la famille, malheureusement, et je pense que les enfants aussi, peut-être encore plus, intériorisent les choses, et c’est parce qu’on n’a pas bien rangé notre chambre ou qu’on les a déçus avec un bulletin scolaire ou en tant que conjoints, comme je l’ai dit, ça doit être le reflet de la relation, ou alors ils sont énervés contre moi. Si tu es distrait parce que tu essaies de gérer ces autres choses et que tu as oublié quelque chose qui était important pour moi, d’accord, donc je ne suis pas important pour toi, ce genre de chose. Oui, et ce qu’on observe, c’est qu’il est difficile d’interpréter le langage corporel de quelqu’un. Il peut être interprété de tant de façons différentes.
C’est peut-être juste que tu te renfermes et que tu essaies de gérer les choses, ou alors je pourrais penser que t’es énervé contre moi. Ouais, il se passe plein de trucs pour les gens autour de nous.
Brian
Ouais, c’est aussi un vrai défi, parce qu’une des façons dont on m’a appris à gérer certains facteurs de stress dans la vie, c’est de faire des listes. Mais bon, qu’est-ce qui se passe quand on ne peut pas les lire? C’est peut-être là que je dois revoir mes ambitions à la baisse. C’est comme si, eh bien, aujourd’hui n’était peut-être pas le bon jour pour réparer la terrasse et aller acheter tout ce qu’il faut chez Home Depot.
Ryan
Il y a un livre sur l’haltérophilie que j’ai lu il y a des années, et il disait que si ton coude te fait mal… C’est le meilleur conseil que je puisse te donner, et c’est celui qui est le moins suivi : si tu fais un exercice et que ça te fait mal au coude, arrête de le faire. Combien d’entre nous continuent malgré tout? Comme vous l’avez dit, il y a cette douleur initiale que nous ne ressentons pas, mais le fait d’en parler vous permet de la reconnaître. Voilà. Pour en revenir au TSPT et à ce genre de sentiments, je pense que c’est de là que ça vient. À un moment donné de ma vie, j’avais beaucoup de mal à en parler à qui que ce soit. J’en avais honte.
Bon, comme je l’ai dit, j’ai revu certaines de ces choses. Je n’ai pas honte de le dire. Ça n’existe plus maintenant. On parle de l’aidant, de l’importance de l’aidant, qui est souvent oubliée. Je pense qu’il y a deux trucs que je veux juste dire rapidement. Je pense qu’une des choses que la Concussion Legacy Foundation fait super bien, c’est d’organiser des réunions entre pairs pour les aidants. Ils commencent à le faire, et nous aussi, parce que vous êtes tous confrontés à des situations très similaires. On aimerait voir la ligne d’assistance ouverte aux aidants, et on pourra en parler après, pour aider les gens qui ont subi un traumatisme crânien, mais c’est une question administrative.
La personne qui a subi un traumatisme crânien ne peut probablement pas tout faire. C’est pour ça que c’est au soignant de s’en occuper, parce que la partie administrative, c’est important. Je pense que ce groupe de pairs est important pour les vétérans, parce que les autres vétérans peuvent leur offrir un espace sûr où ils peuvent venir discuter sans se sentir jugés.
Laryssa
Bon, parce que je pense qu’il y a beaucoup à digérer là, et je vais peut-être demander à Ryan quelque chose que j’ai remarqué aussi. Tu dis qu’il y a de la honte là-dedans. Tu as honte d’en parler. Au point que tu ne t’en souviens plus. Brian, tu es entré dans la salle de réunion, tu as failli oublier ta clé de chambre, il y a ce sentiment intérieur, il y a beaucoup de choses à gérer là-dedans que chacun d’entre vous a probablement réussi à gérer…
Brian
Merci de me le rappeler.
Laryssa
Perte de mémoire à court terme. Je suis là pour t’aider, mon ami. Oui, le fait que tu aies commandé des troupes et que tu aies été responsable de choses cruciales, comme des questions de vie ou de mort. Ça peut sembler dramatique, mais c’est vrai. Sachant que tu occupais ce poste, que tu commandais des troupes et que tu avais tellement de responsabilités que tu n’arrives même plus à te souvenir de trois choses sur une liste de courses, ça doit être frustrant. Ça doit te causer un stress interne, et est-ce que tu t’en veux aussi pour ça?
Brian
Bon, je pense qu’un des trucs dont les gens parlent souvent, c’est l’image corporelle et ce qu’ils voient quand ils se regardent dans le miroir. Ce que je vois, c’est une perte de capacités, et ça me dérange plus. C’est comme, oui, d’accord, qui ne voudrait pas être plus jeune et en meilleure forme? Ce qui me dérange plus, c’est en fait lié à ce que tu viens de dire. Par exemple, quand je dois demander à un jeune de 16 ans de m’aider à installer un support de télévision, c’est comme si, avant, c’était moi qui te montrais comment utiliser les outils. Et puis, il y a le côté santé mentale, genre, est-ce que je devrais être perdu avec les maths de 4e? Non, mais je ne peux pas aider mes enfants avec ça depuis quelques années. Pas seulement parce que ça a changé, c’est moi qui ai changé, non? C’est tout ça.
Oui, je comprends super bien ce que tu viens de dire. En fait, un des trucs les plus difficiles pour moi dans toute cette histoire de santé cérébrale et mentale, c’était de me demander comment je faisais pour lire une carte. Avant, je faisais des cartes avec de la terre et de la ficelle. C’était des trucs que je faisais sans même y penser. J’ai dû apprendre à me ménager, mais c’est une lutte constante. Et puis, dès que tu t’y habitues, tu vieillis, pas vrai? À cause de ce qui m’est arrivé, je n’ai plus 34 ans. À 47 ans, où est-ce que la blessure prend le dessus? Où est-ce que Brian oublie simplement des choses?
Tout ça fait partie du jeu. Une des choses que je voulais te demander, et je vais vraiment m’en prendre au footballeur ici, mais comparé aux autres sports, c’est le concept de se mettre en position. Quand on s’apprête à tirer, on essaie de mettre nos pieds aussi parallèles que possible à la cible. Évidemment, il faut un décalage. Quand tu fais de la boxe, tu ne te tournes pas comme Guillaume Tell tirant à l’arc sur le côté. Tu concentres en fait tes sens et tes capacités sur le problème. Le footballeur se met en position pour plaquer. Est-ce plus difficile quand tu es touché sur le côté? Est-ce que tu te blesses plus souvent au foot quand tu ne vois pas le coup venir?
Ryan
Oh oui, à 100 %. Tu n’es pas prêt pour ça. Oui. C’est pour ça que…
Brian
Mais penses-tu que tu te blesses davantage?
Ryan
Je pense que tu es plus détendu dans certains cas. Je veux dire, c’est un double coup dur. C’est une bonne chose qu’il y ait eu un changement de règle, parce qu’avant, tu pouvais juste enfoncer ton front dans l’oreille de quelqu’un. Il y avait de fortes chances que ce soit un double coup dur, parce que tu enfonçais ton front dans leur oreille et que tu te cognais aussi la tête. Ce n’est pas seulement cette personne qui reçoit l’énergie, c’est vous deux. Et quand elle tombe par terre, elle peut se cogner la tête. Ce n’est pas très bon esprit sportif. Je pense qu’avec le changement de règle, c’est comme aller à l’armée. Tu ne vas pas empêcher les blessures à la tête, ça ne va pas s’arrêter.
C’est comme le football, ça ne va pas s’arrêter. C’est le sport. Il y a de bonnes chances. Juste en changeant les règles et en les ajustant davantage à l’entraînement, parce que ça arrivait plus souvent à l’entraînement qu’en match, donc ça n’a pas de sens. C’est là que l’armée a fait… Je crois qu’ils sont en train de changer ça, et je les ai vus réagir super vite. Tu sais, en tant que sous-officier, et c’est un message qui s’adresse directement aux sous-officiers des armes de combat, tu es exposé à de nombreuses signatures d’explosions, car non seulement tu es un expert en matière d’armes, mais tu es aussi un ARSO.
Tu dois tirer plein de balles pour apprendre à utiliser l’arme. Ensuite, tu dois montrer à un gars moins doué que toi comment tirer avec cette arme, et ça continue comme ça jusqu’à ce que tu deviennes adjudant. Après, t’es un peu moins exposé, mais tu restes quand même exposé tout le temps.
Brian
Ce que Ryan veut dire ici, c’est que tu peux te retrouver dans une situation où tu dois tirer deux fois par an avec une arme antichar. Tu t’es entraîné et tu t’es exercé, mais tu t’es entraîné avec des munitions factices, pas avec de vraies munitions. Quand tu te retrouves sur le terrain, tu tires avec ces munitions, et c’est comme si tu te prenais un coup de coussin de 225 kg. De la morve sort de votre nez, vos dents peuvent vous faire mal. Et le personnel de sécurité? Et le personnel du champ de tir? Et les assistants chargés de la sécurité du champ de tir qui sont là pour les deux salves de chacun, n’est-ce pas?
T’as tes deux, j’ai mes deux, mais ce gars, si on fait pas gaffe, pourrait être exposé à des centaines ce jour-là. Bon, les Forces armées, elles font pas ça.
Ryan
Non.
Brian
Il y a bien sûr ces limites qui leur ont été imposées, et elles sont devenues plus strictes à mesure que les forces armées ont appris de nouvelles choses. En fin de compte, ce n’est pas seulement ce sur quoi tu as appuyé sur la gâchette qui compte, mais aussi ce qui s’est passé autour de toi.
Ryan
Ouais. Il y a deux histoires différentes de sous-officiers qui n’ont pas servi ensemble, et elles sont presque pareilles. Ils étaient ARSO sur un champ de tir 84, et à la fin de la journée, ils ont tous les deux commencé à saigner du nez. Qu’est-ce que c’est? Je sais pas, je vais pas essayer de diagnostiquer. Je dis juste que c’est…
Brian
Ça s’est passé.
Ryan
Ça fait partie de ce qui se passe dans la tête. Je n’accuse personne de quoi que ce soit. On ne peut pas résoudre un problème si on ne sait pas de quoi il s’agit. J’ai vu ça. Je pense que ça a changé récemment. Je pense que ces deux histoires datent d’il y a dix ans, à une époque où, soyons honnêtes, on se préparait pour l’Afghanistan. Comme tu l’as dit, c’est l’autre défi quand on passe de l’abondance à la pénurie. L’armée se développe, puis elle est démantelée. Puis, tout à coup, une mission se présente et l’armée se reconstitue, comme en Afghanistan. Maintenant, il faut promouvoir des gens. Maintenant, la machine est lancée, n’est-ce pas? Tu n’as que peu de temps. Oui.
Brian
Comme tu l’as dit dans ton analogie avec le football, c’est le jeu, pas vrai? C’est comme ça que ça marche. Beaucoup de gens m’ont abordé, que ce soit des médecins ou parfois des conjoints, pour me demander : « Pourquoi l’armée fait-elle ça? » Je leur réponds que si vous aimez cette personne, vous ne voulez pas qu’elle soit dans une armée qui ne s’entraîne pas, qui ne s’exerce pas et où tout est faux tout le temps. En fait, quand vous allez au combat, la seule chose qui devrait être nouvelle, c’est que l’autre gars est sérieux. Tout le reste, vous devriez déjà le connaître : le casque, les sons, le bruit, l’exposition, l’expérience. C’est le jeu.
D’après ce que je peux voir et prouver, l’armée fait vraiment de son mieux. Les virages serrés restent des virages serrés, et le pilote devra toujours les faire. Les marins continueront à être secoués pendant six mois d’affilée, et on continuera à être malmenés par les éléments. On doit, oui, atténuer les risques là où on peut, mais aussi développer un système qui protège les gens, et on doit être plus conscients des traumatismes crâniens.
Ryan
Pour revenir sur ce que Laryssa disait à propos de ce que ça fait de quitter cet univers, c’est difficile. Quand on était dans les forces armées, c’était vraiment important. Tout ce qu’on faisait était vraiment important. Quand on dit qu’on ne sait plus lire une carte, mais quand on est dans le militaire, on lit cette carte en sachant qu’on n’aura peut-être pas de GPS. Je dois savoir comment m’orienter avec une carte et une boussole. On ressent cette pression. Quand on quitte les forces armées, on a envie de se détendre un peu. Peut-être que vous ne ressentez pas cela, mais je pense que c’est une chose que tout le monde doit comprendre.
Tu quittes une famille. C’est pour ça que ces défis surgissent souvent pendant la transition. Je pense que la transition, c’est important. C’est bien de voir la transition impliquée, parce que devine qui doit gérer ça de front? Les aidants, pas vrai? Oui.
Laryssa
Je vais changer un peu de sujet, mais ça concerne quand même la transition ou le changement. Est-ce qu’il y a une version différente, meilleure, de Ryan Carey après sa commotion cérébrale par rapport à ce qu’il aurait été sans ça? Y a-t-il quelque chose de différent ou quelque chose que tu vis maintenant que tu n’aurais pas vécu… Je dirais plutôt une opportunité. Ce parcours t’a-t-il mené vers des opportunités que tu n’aurais pas eues avant? Ça peut sembler bizarre comme question, mais je suis curieuse de savoir.
Brian
Il est pensif.
Ryan
Oui. Je pense que quelques choses se sont passées. D’abord, j’ai bien réfléchi et je me suis dit : « OK, qu’est-ce que j’apporte à tout ça? » Je suis divorcé. J’ai trois enfants. Comment être le meilleur ex-mari et le meilleur papa possible? Comment y arriver? J’ai vraiment commencé à voir ma vie sous l’angle de la famille. En remettant de l’ordre dans ma vie, j’ai eu l’impression d’avoir perdu ma discipline. Non, peut-être que j’en avais besoin. Peut-être que j’avais besoin d’être moins actif pendant un certain temps. Je peux te dire que lorsque j’ai commencé à faire ces changements physiques et que j’ai commencé à prendre mes responsabilités, non seulement pour mes propres actions, mais aussi pour ma propre santé, j’ai vraiment commencé à mûrir en tant que personne.
C’est à ce moment-là que j’ai compris que je devais être un peu plus sociable. À l’époque, je me suis dit : « Je vais aller jouer de la musique dans un open mic. C’est mon objectif. » J’ai joué lors d’une finale de la Coupe Grey devant 95 000 personnes, je ne sais pas exactement combien. C’était à Edmonton. J’ai fait mon service militaire. Je n’ai pas vraiment peur de grand-chose. Parler en public, pas de problème. Ça m’a pris un an. Ce que je veux dire, c’est que nous avons tous… Si vous voulez faire quelque chose de difficile dans la vie, vous allez devoir vous battre. Ça va être difficile. Ça va être difficile.
Parfois, quand on parle d’exercice à quelqu’un qui n’en fait pas, eh bien, c’est là que réside toute la difficulté. Comment y parvenir? C’est ce qu’on essaie tous de comprendre, pas vrai?
Laryssa
Ma question un peu bizarre venait en partie du fait que je me demandais si c’était ta blessure qui t’avait poussé vers la musique. Est-ce que Ryan Carey, sans tes expériences, aurait forcément suivi cette voie? C’est ce qui m’intéressait.
Ryan
C’est une belle question, parce que j’ai littéralement grandi et obtenu un doctorat en musique grâce à mon père qui était super fan de musique. J’écoutais vraiment tout : du gospel, du bluegrass, de la country, tout. Tout.
Laryssa
Toute ta vie. D’accord.
Ryan
La musique a toujours été une sorte de thérapie pour moi. Je m’y suis toujours tourné parce que ça me faisait du bien. J’étais bon batteur, donc j’avais un super sens du rythme. Quand je suis rentré d’Afghanistan, j’avais une basse, mais je me suis dit : « Non, je vais plutôt apprendre à jouer de la guitare acoustique. » J’ai commencé à apprendre tout seul à jouer de la guitare acoustique. Finalement, j’ai suivi des cours à Berkeley. Puis, en 2018, j’ai vu cette photo, et c’est là que j’ai vraiment commencé à écrire plein de chansons.
Brian
Quand elle a posé cette question, un truc m’a frappé : est-ce que ton coaching, c’est juste des trajectoires obliques et des couvertures, ou est-ce que c’est parce que tu veux protéger ces gamins?
Ryan
J’ai dit deux trucs à ces enfants. Je leur ai dit : « Ne me laissez jamais vous entendre dire du mal de vous-mêmes. D’abord, vous êtes tous parfaits. Vous êtes tous des jeunes hommes géniaux. Vous êtes sympas, gentils, doux. Si vous ratez une passe, ça ne fait pas de vous des gens horribles. » Arrêtez de dire : « Oh, je suis vraiment nul. » Ne me laissez jamais… Leur psychologie est tellement importante. Ils ont parfois besoin d’amour vache parce que ce sont des jeunes garçons, mais pas évidemment quelque chose de physique. Ils aiment qu’on leur passe le bras autour des épaules. Attendez une seconde. « Comment ça va aujourd’hui? Tu as l’air un peu apathique. » « Non, ça va, coach. Ça va. » « D’accord. » Ensuite, ils en font un jeu. Je rends l’entraînement ludique. Quand ils ont besoin d’apprendre quelque chose, je me sers de ce que j’ai appris à l’armée pour me tenir devant un groupe et capter leur attention de manière pro. J’utilise tout ça. Je leur apprends que trop utiliser sa tête, c’est une mauvaise technique de plaquage, d’abord. Ensuite, ça va nuire à leurs performances.
On veut le ballon. On est en attaque, on veut marquer. On est en défense, on veut prendre le ballon au défenseur. Je ne leur apprends pas à frapper fort. Je leur apprends que le premier plaque, le deuxième prend le ballon. Je me fiche de la force avec laquelle tu le frappes. Il suffit de l’attraper et de le plaquer, car si on lui prend le ballon des mains, c’est notre rôle en défense. C’est un peu un changement de culture, alors qu’avant, c’était plutôt : « Non, non, non. Tu prends ça et tu lui enfonces dans le corps, tu essaies de lui faire mal. Non, ce n’est pas digne d’un sportif. Pourquoi voudrais-tu faire ça? Ce n’est pas la guerre, c’est juste un sport.
Brian
Pour finir, j’espère qu’un de nos principaux objectifs aujourd’hui sera de faire passer ton message et tes explications sur les piliers de la santé cérébrale. Quels sont-ils? Parce que quand on pense au cerveau, c’est compliqué. Il y a plein de parties différentes. Je pensais que cette liste comporterait 105 éléments. Quels sont les piliers de la santé cérébrale pour le patient, pour le vétérinaire, pour celui qui s’occupe de ça?
Ryan
En tant que patient, prends soin de toi. Fais de l’exercice, mange bien, dors bien, garde ton cerveau en forme. Chacune de ces choses a plusieurs niveaux. Pour l’exercice, quelque chose d’aussi simple que marcher. Pour la bouffe, personne n’est d’accord sur ce qu’il faut manger, alors mange des aliments complets et bois assez. Bien sûr, il y a des trucs pour la santé du cerveau. Il y a plein d’infos là-dessus. Je ne suis pas fanatique de la nutrition. La plupart des gens ne mangent pas assez. Regarde bien ce que tu manges et essaie de manger des aliments complets autant que possible, 90 % du temps.
Dix pour cent du temps, vis ta vie. Prends un verre, mange une pizza. Dors, parce qu’en fait, la seule chose sur laquelle tu peux vraiment te concentrer dans un rôle pur, c’est l’hygiène du sommeil. Comment tu t’endors? La réserve cognitive, c’est toute une liste de trucs. Être sociable. Avoir une tâche et un but dans la vie. En plus de faire des trucs pour la santé de ton cerveau. Pour moi, c’est la musique. Cette main doit faire ça, ma main droite, ma main gauche font des trucs différents, chanter, jouer de l’harmonica, coordonner tout ça, c’est juste bon pour le cerveau, et je n’ai pas besoin de trop y penser. Voilà. Ces quatre trucs, ouais, intègre-les dans ta vie.
Brian
Je pense que c’est un message important pour tout le monde. C’est vrai, faut aller voir son médecin et parler à ses proches, ce que je n’ai pas assez fait. Faites savoir aux gens que vous avez baissé la barre aujourd’hui et qu’ils devront peut-être vous laisser un peu d’espace. J’aime vraiment l’idée qu’il y a des trucs que je maîtrise, des trucs que je peux faire, et des trucs dont je suis en partie responsable. Franchement, si je me demande pourquoi je ne vais pas mieux alors que je ne fais pas d’exercice, que je mange n’importe quoi et que je passe mes nuits à regarder des trucs déprimants sur Internet, eh bien, j’ai trois réponses qui expliquent pourquoi je ne tire probablement pas le meilleur parti de mon cerveau.
Ryan
Oui, et je pense qu’on y arrive tous à un moment donné. Je dirais aussi que oui, la plupart du temps, quand je ne me sens pas bien, je trouve quelque chose à faire, et parfois, je me vide juste la tête. C’est normal de se détendre. C’est normal de faire une sieste de 20 minutes. C’est normal. Parfois, ça peut aussi faire toute la différence.
Laryssa
Merci d’être revenu, Ryan. J’apprends quelque chose à chaque fois qu’on discute, même en dehors du balado. Merci beaucoup d’avoir pris le temps de nous rejoindre. Je sais qu’on mettra des infos pour les gens dans les liens ci-dessous et tout ça. C’était un plaisir de te revoir, Ryan.
Brian
Content de te revoir, mon ami. On s’est vus l’autre jour, mais bon voyage jusqu’à Toronto. Merci de nous avoir rejoints, Ryan. C’était un nouvel épisode de L’esprit au-delà de la mission.
Brian
On espère que vous avez aimé cet épisode de L’esprit au-delà de la mission.
Laryssa
Si cette conversation vous a interpellé ou vous a aidé d’une manière ou d’une autre, je vous encourage à vous abonner à L’esprit au-delà de la mission, quel que soit le service que vous utilisez pour écouter vos balados, afin d’être le premier informé de la sortie de notre prochain épisode.
Brian
Si vous connaissez quelqu’un qui pourrait s’identifier à ce que nous avons partagé ou qui pourrait trouver cela utile, n’hésitez pas à lui envoyer. Nous faisons tous partie de la même équipe.
Laryssa
De plus, nous aimerions connaître les autres sujets que vous aimeriez voir abordés dans les prochains épisodes. Brian et moi avons beaucoup d’idées et de thèmes que nous prévoyons d’approfondir, mais vous, les auditeurs, avez probablement vécu ou réfléchi à des sujets qui ne nous sont pas encore venus à l’esprit.
Brian
Si tel est le cas, n’hésitez pas à nous contacter. Nous sommes présents sur la plupart des réseaux sociaux sous le nom @atlasveteransca. N’hésitez pas à nous envoyer un tweet, à nous envoyer un message ou à laisser un commentaire sur cet épisode, et à nous faire part des autres sujets que vous aimeriez nous voir aborder.
Laryssa
Brian, c’est toujours un plaisir d’avoir ces conversations importantes avec toi. Au plaisir de te revoir.
Brian
Bien sûr, Laryssa. Prends soin de toi.


