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L’expression « préjudices moraux » désigne les répercussions psychologiques, sociales et spirituelles découlant des événements où une personne pose des gestes qui vont à l’encontre de ses croyances ou valeurs morales profondes, assiste à de tels comportements ou n’est pas en mesure de les empêcher.

Le préjudice moral est un type spécifique de blessure psychologique qui a une incidence durable sur l’image de soi et la vision du monde d’une personne.

Lorsque survient un préjudice moral, les répercussions possibles sont nombreuses. Il peut par exemple engendrer :

  • des sentiments de culpabilité, de honte, de colère, de tristesse, d’anxiété et de dégoût;
  • des conséquences intrapersonnelles, comme une moins bonne estime de soi, une forte tendance à l’autocritique, l’impression d’être nuisible, abîmé, indigne ou faible, et des comportements autodestructeurs;
  • des conséquences interpersonnelles, dont l’évitement de l’intimité et la perte de confiance envers autrui et les figures d’autorité;
  • des conséquences existentielles et spirituelles, comme la perte de croyances religieuses ou le fait de ne plus croire en la justice sociale.

Bien que les préjudices moraux soient fortement associés à la sphère militaire en raison des conditions des déploiements ou de l’incidence d’événements traumatisants, ils ne se limitent pas aux membres des forces armées et aux vétérans.

Les préjudices moraux peuvent également avoir une incidence sur les professions non militaires, notamment :

  • le personnel de la sécurité publique comme les policiers, les ambulanciers paramédicaux, les pompiers et autres;
  • les travailleurs sociaux;
  • les journalistes;
  • les avocats, les juges, les jurés et d’autres employés dans le domaine juridique;
  • les travailleurs humanitaires;
  • les vétérinaires;
  • les travailleurs de la santé.

Le King’s Centre for Military Health Research College London a publié une vidéo sur les préjudices moraux. Vous pouvez la visionner ci-dessous (en anglais seulement) :

Causes

Les trois principales causes du préjudice moral sont :

  • les actes de commission : lorsqu’une personne pose un geste qu’elle n’aurait pas dû, ou qui va fortement à l’encontre de son propre code moral;
  • les actes d’omission : lorsqu’une personne aurait dû faire quelque chose, mais qu’elle ne l’a pas fait;
  • la trahison : lorsqu’une personne se sent trahie par les autres, en particulier par une autorité supérieure qui a agi, omis d’agir ou contraint une personne d’agir d’une manière qui va à l’encontre de son code moral.

Les préjudices moraux découlent généralement d’événements qui relèvent de l’une ou l’autre de ces trois catégories. Il peut s’agir de situations traumatisantes ou difficiles sur le plan moral impliquant des personnes ou des groupes vulnérables, d’événements où une personne n’est pas préparée à composer avec les conséquences émotionnelles de son rôle, ou d’un manque de soutien social.

Effets et traitement

Les effets et les répercussions des préjudices moraux varient d’une personne à l’autre.

Certaines personnes n’éprouvent aucun effet durable. D’autres s’en remettent rapidement. D’autres encore voient les effets persistants de leurs actions – ou de leurs inactions – s’intensifier avec le temps et prendre les dimensions d’une crise de santé mentale.

Certaines recherches démontrent que les personnes souffrant d’un préjudice moral sont sujettes à développer d’autres troubles, dont le trouble de stress post-traumatique (TSPT), la dépression et les pensées suicidaires.

Les préjudices moraux constituent également des obstacles au rétablissement. Les personnes souffrant d’un préjudice moral évitent souvent de se faire soigner, et refusent de parler de leur préjudice avec leur équipe de soutien ou leurs prestataires de soins médicaux parce qu’elles ressentent de la honte, de la colère ou un sentiment de culpabilité, voire parce qu’elles craignent les conséquences juridiques de leurs actes.

Bien qu’il n’existe pas de traitement universel spécifique pour le préjudice moral, il est essentiel que toute personne qui en souffre discute de ce qu’elle ressent avec un professionnel de la santé mentale. Le traitement et la thérapie peuvent aider la personne à bien saisir le sens de ses sentiments et de ses actions, ce qui constitue une importante première étape vers la guérison.

État de la recherche

La communauté des chercheurs et des cliniciens commence à peine à comprendre ce qu’est réellement le préjudice moral, quelle est la meilleure façon de le traiter et comment parvenir à le prévenir.

Selon des données probantes, les préjudices moraux sont courants chez les militaires et les vétérans. Certaines recherches, notamment celle réalisée par l’Institut Atlas, ont démontré que les militaires qui sont exposés à des événements potentiellement préjudiciables sur le plan moral présentent un risque élevé de développer des problèmes de santé mentale, comme le TSPT et la dépression.

Les chercheurs reconnaissent également que le préjudice moral peut apparaître chez les personnes qui travaillent dans des milieux où la pression est forte, comme celui de la santé. D’ailleurs, pendant la pandémie de COVID-19, plusieurs travailleurs de première ligne en santé ont été confrontés à un stress moral, car ils ont dû prendre des décisions cruciales en raison des ressources limitées.

En explorant ce nouveau domaine d’étude important, nous pouvons contribuer à comprendre et à traiter cette dimension complexe de la santé mentale des vétérans.

Ressources

Préjudices moraux chez les membres du personnel de la sécurité publique au Canada

Boîte à outils en matière de préjudice moral

Iniquités raciales et détresse morale : supplément du document Détresse morale chez les travailleurs de la santé durant la pandémie de COVID-19 Guide sur les préjudices moraux

Trouver des ressources

Consultez le centre de connaissances pour trouver d’autres renseignements fondés sur des données probantes ainsi que des feuillets d’information, des rapports et des conseils.