- 2025-10-08
- Blogue
Du service à la cérémonie : Le parcours d’un vétéran des Premières Nations

Je n’ai pas grandi avec grand-chose. Pendant un certain temps, ma famille a vécu dans la pauvreté et parfois sans logement. La vie n’était pas facile. Mais lorsque j’ai rejoint les Forces armées canadiennes (FAC), j’ai trouvé quelque chose qui m’a donné une direction : un but, une discipline et une fierté. Le militaire est devenu ma deuxième famille et a façonné qui je suis aujourd’hui.
Je suis un vétéran des Premières Nations de la nation crie d’Opaskwayak et j’ai servi pendant huit ans dans la Force régulière des FAC. J’ai servi cinq ans dans l’armée, puis j’ai été muté à la marine et j’ai travaillé trois ans avant de terminer mon contrat. Le temps que j’ai passé dans l’armée a été l’une des expériences les plus difficiles et les plus enrichissantes de ma vie. C’est le militaire qui m’a donné la structure que j’avais perdu en grandissant. Quand j’étais enfant, je déménageais beaucoup, je passais d’une maison à l’autre et pendant un certain temps nous n’avions pas de maison du tout. En uniforme, j’ai trouvé la stabilité, une direction et un sens clair à ma vie. La formation m’a poussé à mes limites et m’a donné la force de relever des défis que je n’aurais jamais cru possibles. En même temps, ces années ont également mis à l’épreuve ma santé mentale. En tant que soldat issu des Premières Nations, j’ai fait l’objet de racisme et de harcèlement de la part de certaines des personnes que j’admirais le plus, à savoir des vétérans décorés ayant servi en Afghanistan que je considérais comme des modèles. Concilier le profond respect que j’avais pour eux et leur service avec la manière blessante dont ils m’ont traité était déroutant, douloureux et a considérablement affecté mon estime de moi. Pendant longtemps, cela a changé ma façon de penser à moi-même et aux autres.
Lorsque je suis passé à la marine, les choses ont commencé à changer. L’environnement était différent et j’ai lentement commencé à regagner ma confiance en moi et mon estime de soi. Je me suis souvenu de ce que j’aimais dans le service : la camaraderie, la fierté de porter l’uniforme et le sentiment d’appartenir à quelque chose de plus grand que moi. Ces années m’ont redonné la confiance que je croyais avoir perdu.
Finalement, j’ai commencé à perdre des amis et des mentors dans les Forces canadiennes à cause du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Cela a déclenché quelque chose en moi et j’ai pris la décision de quitter le militaire et de poursuivre des études universitaires en travail social. Mon objectif était de soutenir les vétérans et de rendre au militaire ce qu’il m’avait donné, à savoir un but et une stabilité à un moment où j’en avais le plus besoin.
« Quitter les Forces n’a pas été facile. J’ai dû composer avec le choc culturel et la question de savoir qui j’étais sans uniforme. Au fil du temps, j’ai trouvé cette identité dans ma culture autochtone et dans les cérémonies. Le retour à la terre et l’acceptation de ces enseignements m’ont donné de la force et m’ont aidé à rebâtir un sentiment d’identité après le service. »
— Justin Woodcock
Aujourd’hui, ce parcours m’a amené à créer le Programme des vétérans des Premières Nations de l’Organisation des chefs du sud-est, le premier du genre au Canada. C’est un espace où nous marchons ensemble, nous soutenons mutuellement et trouvons une identité culturelle et une guérison au-delà de notre service. Notre programme intègre la culture et les cérémonies comme moyen de guérir les traumatismes liés au service et d’offrir un soutien par les pairs.
En rétrospective, je vois mon parcours comme un parcours de résilience. Les épreuves de mon enfance, les défis auxquels j’ai été confronté dans le militaire et le processus de guérison que j’ai dû entreprendre depuis lors : tout cela a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. Je suis reconnaissant d’avoir eu l’occasion de servir, tant dans l’armée que dans mon travail actuel, et j’espère pouvoir toujours servir le public d’une manière ou d’une autre.
À l’approche de la Journée des vétérans autochtones, je pense aux générations de militaires autochtones qui m’ont précédé, dont beaucoup n’ont jamais reçu la reconnaissance ou le soutien qu’ils méritaient. Je porte leurs histoires avec moi dans mon travail et j’espère qu’en partageant la mienne, je pourrai aider les autres à se sentir moins seuls. Le service peut être difficile, mais il nous relie les uns aux autres, et ce lien me permet de guérir et d’avoir un but.
Ekosi.
— Justin
Justin Woodcock
Lord Strathcona’s Horse (2009-2014)
Navire colonial de Sa Majesté Regina (2014-2017)
Nation crie d’Opaskwayak

Vous êtes un vétéran ou un membre de sa famille et vous avez une histoire à raconter? Prenez contact avec nous et vous pourriez figurer sur ce blog!