- 2024-11-13
- Général
La fille du Canada : L’histoire de la capitaine Nichola Goddard
Le 17 mai 2006, la capitaine Nichola Goddard a été tuée lors d’une fusillade en Afghanistan. Elle était la première officière d’artillerie canadienne, depuis la guerre de Corée, à demander un tir de soutien. Bien qu’elle ne soit pas la première soldate canadienne tuée au combat, elle est la première officière canadienne à être tuée dans le conflit afghan. Elle est également la première femme soldat canadienne à avoir été tuée au combat.
Dans les années qui ont suivi sa mort, les Canadiens ont été émus par sa vie et sa mort et ont créé des monuments en son honneur dans tout le pays. Ces monuments vont d’une école secondaire de Calgary à un navire de la Garde côtière au large de la Colombie-Britannique, en passant par des terrains de jeux à Sault-Sainte-Marie (Ontario) et Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard), d’une épée au Collège militaire royal à un lac dans le nord de la Saskatchewan, d’une complainte à la cornemuse à la chanson Highway of Heroes des Trews, et de courtepointes à des peintures, en passant par des bourses d’études et des bornes de trigonométrie.
Lorsque j’ai commencé à écrire son histoire, je voulais que les générations d’élèves qui ont fréquenté l’école Captain Nichola Goddard comprennent pourquoi l’école portait son nom. Les enfants qui y vont aujourd’hui n’étaient pas encore nés lorsqu’elle a été tuée. Je pense qu’il est important que tous les Canadiens comprennent le conflit afghan et les sacrifices consentis. Celui de Nichola en fait partie.
En reconstituant l’histoire de Nichola, je me rends compte que son père et moi l’avons involontairement préparée à l’Afghanistan. Elle est née en Papouasie-Nouvelle-Guinée et y a passé ses quatre premières années, vivant dans des villages isolés et mangeant une nourriture différente de celle qu’elle allait connaître. Lorsque nous sommes arrivés au Canada en février 1984, nous avons vécu dans le nord du pays pendant près de dix ans, dans des communautés isolées, où nous mangions de la « nourriture de campagne ». En Afghanistan, certains villageois étaient surpris qu’elle mange leur nourriture – nous ne l’étions pas. Avant que Nichola ne s’engage dans l’armée, elle avait fréquenté huit écoles différentes dans sept communautés différentes, dans cinq provinces et un territoire.
Nichola avait deux choses qui l’aidaient : Elle n’a jamais abandonné et elle était gentille. Elle était une personne qui devait travailler pour tout – les seules choses qui venaient facilement pour elle étaient sa capacité à rire et le fait d’être une grande sœur.
Nichola avait quatre ans lorsque nous avons déménagé dans une réserve du nord de la Saskatchewan. Elle a appris à pêcher l’ombre dans les rivières rapides, à chercher les traces d’animaux dans la neige, à tirer au pistolet et à dépecer un lapin. Mais elle n’a pas appris les compétences que vous avez probablement apprises à l’école, comme sauter à la corde, jouer à la marelle et faire du vélo. Son père et moi avons travaillé dur pour lui enseigner ces choses lorsque nous avons déménagé à Saskatoon et qu’elle entrait en 3e année. Elle a travaillé tout l’été avec nous sur ces compétences. Elle n’a pas simplement sauté sur le vélo et commencé à rouler. Elle n’a pas non plus appris à sauter rapidement lorsque Tim et moi faisions tourner la corde. Cela semblait prendre une éternité. À la rentrée, elle a dû apprendre à nager, puis à faire du patinage artistique.
Un proverbe dit qu’il faut un village pour élever un enfant. Il s’agit d’un proverbe africain qui signifie que les parents ne peuvent pas tout enseigner à leurs enfants. Le reste de ce que les enfants apprennent provient de tous ceux qui les entourent. Son père et moi avons dû apprendre que nous ne pouvions pas résoudre tous les problèmes de Nichola et lui enseigner tout ce qu’elle avait besoin de savoir. Nichola a appris que de nombreux adultes étaient prêts à l’aider. Ses professeurs étaient plus qu’heureux de l’aider à l’heure du déjeuner et après l’école. Bien que son père et moi soyons enseignants, nous n’étions pas censés l’aider à faire ses devoirs, surtout en mathématiques, car nous ne faisions pas les choses de la même manière que son professeur. Dans une école où il y avait une hygiéniste dentaire, Nichola est allée lui parler pour qu’elle répare l’espace entre ses dents. L’hygiéniste nous a appelés et nous étions gênés, mais nous avons pris rendez-vous avec un orthodontiste. Dans une communauté, elle a passé des heures à parler à la bibliothécaire. Elle gardait les enfants et parlait aux parents. Lorsqu’elle a commencé à faire du ski de fond, ses entraîneurs l’ont aidée. Lorsqu’elle est entrée à l’université, différents professeurs l’ont aidée. Et après son mariage, il y avait une femme qui vivait à côté d’elle et qui s’appelait la deuxième mère de Nichola. Elle lui prêtait des bijoux et lui donnait des conseils de mode.
Toutes sortes de personnes ont fait partie de la vie de Nichola au fur et à mesure qu’elle grandissait. Elle n’est pas devenue ce qu’elle était uniquement grâce à son père et à moi. Il a fallu un village.
— Sally Goddard
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