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DESCRIPTION DE L’ÉPISODE

Bien que la communication soit une compétence essentielle pour quiconque sert dans l’armée, elle peut souvent devenir un défi pour les vétérans qui vivent avec une blessure de stress traumatique. Les vétérans et les membres de leur famille peuvent être confrontés à des obstacles inattendus qui nuisent à la communication ouverte et sécuritaire sur laquelle chaque relation repose.

Dans cet épisode, nos animateurs, Brian et Laryssa, puisent dans leur vécu pour parler de stratégies et de ressources qui leur ont été utiles pour cultiver une communication saine et efficace dans leurs relations avec leur conjoint, leurs enfants, leurs fournisseurs de services et d’autres personnes dans leur vie quotidienne.

Ressources

Les familles et les amis | Institut Atlas pour les vétérans et leur famille

Conseils pour exprimer sa colère dans une relation | Services bien-être et moral des Forces canadiennes

Histoires des militaires et de leur famille | Services bien-être et moral des Forces canadiennes

L’équithérapie pour les blessures liées au stress opérationnel (en anglais seulement) |Can Praxis

Couples qui surmontent le TSPT au quotidien (COPE) | Wounded Warriors Canada

Services de santé mentale pour les jeunes et les adultes (en anglais seulement) |Strongest Families Institute

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L’ESPRIT AU-DELÀ DE LA MISSION, ÉPISODE 4 – « POURQUOI LA COMMUNICATION EST-ELLE SI DIFFICILE? »

Laryssa

La communication est essentielle au succès des opérations militaires. Elle fait partie de chaque étape. Lors des entraînements, des ordres pour la journée, des notes d’information, des groupes des ordres. Il existe même des rétroactions immédiates et des comptes rendus après action pour les cas où quelque chose s’est produit. Il semble donc ironique que, en prévision de cet épisode sur la communication, Brian et moi ayons eu la même réponse : « La communication? Ce n’est pas ma tasse de thé! »

Dans cet épisode, on tentera d’expliquer pourquoi il est si difficile de communiquer avec une personne ayant subi un traumatisme lié au stress, ainsi qu’avec les membres de sa famille.

Brian

D’une certaine façon, lorsqu’on a commencé à en parler, je me disais : « Peut-on parler d’autre chose? D’une chose avec laquelle je suis plus à l’aise, quelque chose de plus facile? »

À bien des égards, je préférerais parler de choses vraiment très désagréables plutôt que de parler des raisons pour lesquelles il est difficile de communiquer. Même à la maison, c’est inquiétant lorsqu’une discussion commence par « Il faut qu’on se parle… ». Ça peut être quelque chose de vraiment bénin, mais ça me met en mode « Quelle bombe est sur le point d’exploser? ». Je préférerais une vraie bombe. Toutes ces pressions me viennent à l’esprit quand on me dit : « Chéri, asseyons-nous et parlons. »

Donc, à cet égard, les militaires communiquent, mais lorsque je communique avec mes supérieurs, c’est un briefing de suivi. Je réponds à quelque chose qu’ils m’ont dit de faire et je leur montre comment je compte le faire.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Lorsque je communique avec un subordonné, ce sont des ordres. Je ne suis pas vraiment préoccupé par ce qu’il pense de la patrouille qu’il s’apprête à faire. « Tu y vas, as-tu des questions? » Et quand je communique avec mes collègues, c’est parce que je vais faire passer mes hommes par ce secteur, et ils vont faire passer les leurs par là. Nous devons planifier pour ne pas nous heurter les uns aux autres ni nuire aux activités des autres.

Je ne communique pas de la façon dont toi et moi communiquons lorsque nous déterminons comment répondre à nos besoins, comment nous allons réaliser ce projet.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Et cela n’a certainement rien à voir avec la façon dont je communique avec ma femme. Alors oui, j’ai des cours en communication, mais la communication que tu cherches me fait peur parfois.

Laryssa

Oui, parce que la communication dont tu parles est unidirectionnelle. Tu fournis ou reçois de l’information, et c’est tout. Comme tu as déjà dit, une partie de la formation que tu as suivie consiste à utiliser le moins de syllabes possible pour communiquer quelque chose.

Toi et moi en avons discuté, et dans le cadre d’une relation, il faut en faire plus. C’est censé être une communication bidirectionnelle. Il faut être réceptif à l’autre personne. Il faut reformuler, ce genre de choses. Je pense t’avoir déjà posé cette question. Si les militaires comptent tellement sur la communication et que vous y êtes formés, pourquoi est-ce si difficile pour tant de vétérans de communiquer au sein de cette grande famille?

Brian

Il y a une mission à laquelle j’ai participé et je veux parler de mon indicatif d’appel. Parce que oui, nous en avons vraiment. Beaucoup de gens se moquent des indicatifs d’appel lorsqu’ils visionnent Top Gun ou lorsque quelque chose de mauvais est annoncé dans les nouvelles. C’est d’ailleurs arrivé récemment dans notre communauté, dans le monde des indicatifs d’appel. On m’appelait « 3-3 Pronto » pour l’une des missions auxquelles j’ai participé, ce qui signifie le troisième peloton de la troisième compagnie, soit la compagnie Charlie. Donc, 3-3, 9e peloton. Pronto est le signaleur de peloton. C’était donc mon travail pour cette mission. Ce n’est pas un nom génial et nous ne l’utilisons pas dans les bars pour impressionner les gens. C’est censé être trompeur. Si tu ne savais pas ce que je viens de te dire, tu ne saurais pas ce que signifie « 3-3 Pronto ». Notre communication est donc basée sur la tromperie de toute personne autre que celle à qui j’avais l’intention de dire ce que j’avais l’intention de dire.

Laryssa

Hum, intéressant.

Brian

Il est donc tout à fait acceptable que quelqu’un demande la version militaire de « Où êtes-vous maintenant? » en disant « Quel est l’état des lieux? », et je lui répondrais par une grille codée si nous étions activement poursuivis. Je donnerais certainement une grille, pas un emplacement. Je ne dirais pas : « Je suis au sommet de cette montagne. »

Laryssa

Bien sûr.

Brian

Parce que tout le monde saurait où cela se trouve. Je donnerais une grille fondée sur notre système de cartographie. C’est conçu pour ne rien révéler.

Laryssa

D’accord, ce qui signifie que l’autre personne doit être au courant du code.

Brian

Oui.

Laryssa

Autre question pour toi. As-tu les mêmes difficultés à communiquer avec tes amis vétérans qu’avec ta famille?

Brian

Non. Ils ont le code, n’est-ce pas?

Et c’est en grande partie la raison pour laquelle c’est plus facile, mais il y a aussi le facteur d’intimidation. Comme je t’ai dit, mes amis pourraient venir me demander conseil. Ils pourraient venir me voir simplement pour socialiser. En général, lorsque la conversation commence par « Chéri, il faut qu’on se parle », cela signifie qu’il y a un problème, et c’est probablement dans le secteur émotionnel. Et je n’aimerai probablement pas la conversation, même si c’est pour savoir ce qu’on fera le lendemain. Même si c’est quelque chose qu’on aime, c’est une conversation intimidante si ça commence par « Asseyons-nous et parlons ». Je préférerais avoir à peu près n’importe quelle autre conversation. Nous sommes compétents en communication, c’est vrai. Mais pas le genre que tu recherches, cependant.

Laryssa

Donc, évidemment, un énorme obstacle est créé. On a déjà parlé de la façon dont toute relation, dans un couple ou entre les membres d’une famille, présente des défis en matière de communication. Il y a des millions de cours en communication que vous pouvez suivre uniquement pour vos interactions personnelles, ou pour votre environnement de travail. C’est difficile pour la plupart des gens. Ajoutons à cela une blessure traumatique. Alors, as-tu déjà été en mesure de déterminer comment ton TSPT crée un autre niveau d’obstacles à la communication?

Brian

Oui. Alors j’étais sur les lieux d’un incident une fois où un bus avait explosé. C’était très grave. Mais pour moi, il y a eu d’autres incidents qui étaient aussi très graves. Il m’a fallu trois ans de travail avec mon médecin pour pouvoir lui dire ce qu’il y avait de mal là-dedans. Donc, au cours de ces trois années, d’autres personnes me posent les mêmes questions, comme : « Comment vas-tu? Qu’est-ce qui te dérange? Que pouvons-nous faire pour t’aider? » et je n’avais pas la réponse.

Je ne mens pas lorsque je dis que je ne sais pas. Je ne savais pas. Et même pendant un moment où je pensais savoir, j’avais tort. Je me retrouve donc dans une situation où je n’ai pas la réponse ou ce que j’ai dit n’est pas vrai. Tu pourrais dire qu’il s’agit d’un mensonge, mais mon médecin et moi avons travaillé pendant des années pour découvrir la vérité.

Je le disais parce que c’est ce que je pensais. Dans ce cas-ci, ce qui m’a vraiment dérangé, c’est que j’avais mis le pied dans le sac à main d’une des personnes décédées dans le véhicule. Un sac à main. Pas un sac à dos. Les soldats ont des sacs à dos, mais les femmes ont des sacs à main. La situation est différente.
Donc, le fait de mettre le pied dans ce sac à main me dérangeait plus que ce qui se trouvait à l’intérieur de ce véhicule. C’est bizarre. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas ainsi que les choses sont censées se passer. Je suis un père, un mari, un voisin, toutes ces choses. Je suis censé être préoccupé par les pertes de vie, mais je me suis retrouvé dans une situation où les pertes de vie étaient si courantes que ce qui me dérangeait le plus, c’était de mettre le pied dans le sac à main de quelqu’un.

Laryssa

Parce que ça devenait personnel. Quelqu’un y était rattaché.

Brian

Comment le raconter? Et qu’est-ce qui s’améliorera si je le raconte? Et la vérité est que, nous sommes assis ici ensemble, et il y a deux ou trois personnes dans la pièce qui nous aident avec le son, elles écoutent aussi, et je peux voir leur visage, je peux voir le tien. Vous ne savez pas comment m’aider, n’est-ce pas? Alors pourquoi est-ce que je viens de te le dire? Quelle est l’utilité de te dire cela? Que vas-tu faire pour m’aider?

Laryssa

Je pense que c’est difficile à accepter pour les membres de la famille. On en discutait plus tôt, je vais parler précisément de la relation d’un couple. Chez Atlas ou dans ce balado, lorsque nous utilisons le terme « famille » on peut faire référence aux parents, aux frères et sœurs ou aux amis. Mais aujourd’hui, je veux parler du couple. Pour de nombreux couples, votre conjoint est censé être votre meilleur ami. Il est censé être celui sur qui vous pouvez compter pendant les périodes difficiles avec un soutien mutuel.

C’est donc très difficile pour les membres de la famille lorsqu’ils demandent « Qu’est-ce qui ne va pas? » et que la réponse est « Je ne sais pas ». Ils ont l’impression d’être exclus ou qu’ils ne comprendraient pas. Et dans bien des cas, on ne comprend pas. Mais je pense que les membres de la famille doivent comprendre ce que tu viens de dire, comme quoi il peut arriver que tu ne puisses y arriver par toi-même.

Il y a aussi cet autre élément, dont nous avons déjà parlé au sujet de la protection. Tu veux nous protéger de ce que tu as vécu. Si tu as ces films en tête, pourquoi voudrais-tu que je les aie en tête? Quels en sont les avantages?

Je pense donc qu’il est utile que les membres de la famille comprennent cela aussi, et qu’ils puissent donner un peu plus d’espace ou de compréhension.

Brian

Et je pense que de notre point de vue, il faut peut-être nous rappeler ou accepter qu’on nous rappelle que la communication est plus que la simple transmission des faits.

Et on le sait. Il y a des cas où nous mettons des choses et des émotions dans un rapport comme : « J’ai traversé cette ville en voiture et ils nous haïssaient, mais ils ne nous haïssaient pas la semaine dernière. Quelque chose a changé. » Je me souviens d’avoir fait rapport de cela et d’avoir aussi fait état de la quantité de gaz que nous utilisions et de tout cela, et la seule chose qui a été mentionnée dans la communication aux supérieurs, ce sont les faits, l’essence, les chiffres.

Je me souviens donc d’avoir été frustré par ce qui, selon moi, te frustre aussi, c’est-à-dire que toute l’émotion a été retirée. Il y a donc des circonstances dans lesquelles la conscience de la situation, l’atmosphère, fait partie de ce que nous faisons.

Je pense qu’il serait peut-être utile de rappeler aux soldats que la conversation avec leur conjoint porte probablement davantage sur la conscience de la situation que sur les faits et les chiffres. C’est un langage qu’on comprendrait. Je ne sais pas si cela peut aider, mais c’est l’un des rares endroits où on peut se faire rappeler qu’il faut parfois faire cela dans le cadre de nos communications, et qu’il faut ramener ce talent à la maison.

Laryssa

D’accord. J’aimerais revenir sur une autre chose que tu as dite. Qu’une grande partie de la communication n’est pas les faits. On parlait des obstacles et des obstacles qui pourraient être touchés par, disons, le stress post-traumatique ou la dépression. Certaines de mes expériences ont été en tant que membre de la famille. Un élément déclencheur touchait mon conjoint et il essayait simplement de se remettre sur pied, et je me plaignais pour qu’il sorte les poubelles. J’avais l’impression qu’il n’était pas présent, qu’il n’écoutait pas, qu’il ne s’en souciait pas. Peut-être essayait-il de gérer ses symptômes. Cela peut constituer un obstacle supplémentaire.

De plus, il m’avait expliqué qu’après sa blessure, il avait besoin de plus de temps pour traiter l’information. Je communiquais donc avec lui, puis il y avait cet espace et ce temps, mais il traitait ce que j’avais dit et il voulait formuler sa réponse. C’est donc une chose à laquelle nous avons dû nous adapter. Regardons les choses en face. Parfois, en plus des problèmes de santé mentale, il y a la toxicomanie. Il s’agit d’un autre obstacle.

Un autre exemple, si toi et moi sommes dans un Tim Hortons vraiment bondé et qu’il y a beaucoup de bruit ambiant et que tu essaies de maintenir une connaissance de la situation, et que j’aborde quelque chose qui, à mon avis, est vraiment important. Je pense donc qu’il y a tellement de couches différentes et que je pourrais lire des choses, comme ton langage corporel, qui ne sont pas factuelles, ni verbales, et en tant que membre de la famille, j’interprète qu’elles doivent être à mon sujet. Je pense donc qu’il y a cette couche supplémentaire qui accompagne la blessure.

Brian

Oui, je pense que pour bon nombre d’entre nous, en ce qui a trait aux obstacles, souvent la communication qui nous convient est : « Je dois parler de ce qui ne va pas avec la personne qui peut m’aider avec ça. » Et c’est tout. Par exemple, je ne vais pas parler à un mécanicien de ce qui ne va pas avec ma radio.

C’est donc en grande partie une version de nous qui vous protégeons. Et vous êtes des adultes; vous pouvez le supporter. Mais avez-vous besoin de le faire? Au bout du compte, le principal obstacle à la communication pour moi est souvent : « Que peut faire cette personne pour m’aider? » Il s’agit de se regarder soi-même à certains égards, mais je pense qu’une relation est plus que la somme des parties.
Il y a une autre entité dans la pièce entre le mari et la femme, à part les deux personnes, qui est la relation. Et la communication avec laquelle nous travaillons ne s’en soucie pas. Nous devons donc changer notre façon de faire. Ce n’est pas facile. Ce n’est pas facile, même maintenant.

Et j’ai l’impression que si j’ai un problème avec Tim Hortons, est-ce que cela signifie que tu dois avoir un problème avec Tim Hortons? Soit dit en passant, message aux gens de Tim Hortons : j’adore votre chili. Et je suis un mordu des beignets aux pommes. Je voulais simplement le mentionner. Mais si ce n’était pas mon rôle, ce n’est pas le tien non plus si nous sommes en relation.

En fait, dans cinq ans tu ne saurais même pas pourquoi tu ne vas plus chez Tim Hortons.

Laryssa

Exactement.

Brian

Et c’est peut-être parce que je t’ai conditionné de cette façon. Et je ne veux pas que ça arrive.

Laryssa

Exactement. Je pense que c’est un tout autre sujet de conversation parce que je pense que c’est assez insidieux.

Et quand on est émotionnellement lié à quelqu’un, on ne peut s’empêcher de présumer ces choses d’une certaine manière. Tu as dit vouloir parler à des gens qui peuvent t’aider. Parle-moi davantage de la communication avec ton thérapeute. Est-ce différent d’avec tes amis? D’avec ta famille?
As-tu dû t’adapter? Comment cela se passe-t-il?

Brian

J’ai menti aux médecins pendant 20 ans. En entrant dans l’armée, tu dois être soumis à une évaluation. Je pense qu’il est assez facile de dire, lorsqu’on te pose des questions, que les réponses du type « oui, j’ai un problème » ou « oui, ça me dérange » ne vont pas te permettre d’entrer. Tu veux participer à un déploiement et, soyons francs, c’est l’un des problèmes de communication entre les soldats et le pays; le pays ne comprend pas souvent que nous aimons ce travail et que nous voulons le faire. Il y a des gens qui m’ont déjà dit : « Oh, c’est tellement dommage que tu doives partir. » Non. Tu devras plutôt essayer de m’empêcher de partir.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Il y a donc un problème de communication. Mais je pense que c’est un peu comme ça que ça se passe en fin de compte. On a l’impression que les seules personnes qui nous comprennent sont nos amis.

Laryssa

OK.

Brian

Et cette personne avec qui je suis marié veut faire tout ce qui est possible pour moi. Mais c’est assez limité. Je vois le médecin, comme tous les autres médecins que j’ai dû consulter, comme la personne à qui je dois parler et qui peut me donner ce que je veux.

Laryssa

OK.

Brian

Je veux suivre le cours de conduite après la capture. Je sais que quelqu’un qui a un problème ne sera pas accepté. Alors, devine quoi? Je n’ai pas de problème. Mais ça finit par te rattraper. Avec le temps. Donc, si quelqu’un pense pouvoir établir une relation avec moi en une seule séance, bonne chance.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Bonne chance. Avec le temps. Alors oui, malheureusement, sans que ce soit de leur faute, j’ai mis les médecins à l’épreuve avant d’avoir l’impression qu’ils sont là pour moi.

Laryssa

Le test de l’odeur?

Brian

Oh oui! Ce que je veux dire, c’est que lorsque j’ai signalé à l’armée que j’avais un problème, leur plus grande instance de traitement avec moi est de voir quelle menace je représente pour le département. Et ils devraient le faire. Un soldat perturbé peut causer beaucoup de dommages dans le système. Ils doivent protéger les gens dans le système. Mais à l’autre bout, on a vraiment l’impression d’être simplement soumis à des tests pour voir ce qu’on pourrait endommager, et non administré du point de vue de la santé.

Laryssa

Donc, cela ne t’a jamais semblé légitime? Tu n’avais pas l’impression que les gens qui étaient là pour t’aider étaient investis. On dirait que tu t’es senti mal compris. Il y a eu une déconnexion.

Brian

Oui. Une fois, un médecin m’a demandé : « S’il y a eu une explosion ce jour-là, pourquoi y es-tu retourné le lendemain? » Eh bien, si vous pensez que les guerres se font par quarts, ce ne sera pas un lieu de guérison pour moi. Au prochain! Je me suis donc retrouvé peut-être trop critique, mais je me suis certainement demandé s’il avait la moindre idée de qui j’étais. Et à Vancouver, d’où je viens, il n’y a pas beaucoup de soldats. C’est une société différente. Il est difficile de trouver un médecin qui a une idée de qui vous êtes vraiment en tant que personne.

Laryssa

OK. Voilà donc la question que je voulais poser, je suppose, des deux côtés. Que dirais-tu aux fournisseurs de services qui travaillent avec une communauté de vétérans? Que pourrais-tu leur offrir pour les aider à établir ce lien et à communiquer avec les vétérans qu’ils soutiennent et avec lesquels ils travaillent dans leur pratique?

Brian

Je dirais d’y aller avec la simplicité. Ce que je veux dire par là, c’est que si vous allez recevoir un client qui vient de revenir de Lettonie et qui a un problème, eh bien, lisez un peu sur la Lettonie. La Défense est en fait assez bonne pour ce qui est de diffuser l’information, des mises à jour de mission sur l’objectif de la mission.

N’osez pas voir ce client sans d’abord vous informer.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Faites vos devoirs pour savoir qui nous sommes, et si vous avez quelques clients de notre milieu, commencez à essayer de comprendre ce que nous avons en commun, parce que beaucoup d’entre nous ont l’impression que vous essayez de réparer le soldat en nous.

Je ne veux pas que vous corrigiez cela. Je ne travaille plus dans l’armée et je me considère toujours comme un soldat. Et j’organise ma vie de cette façon. Je planifie de cette façon. Je fonctionne de cette façon. Je m’adresse à vous et vous essayez probablement de joindre le Brian en moi, mais celui que je préfère vous montrer, c’est le soldat.

Je pense qu’il faut comprendre cela. C’est la personne qui est assise sur votre canapé. N’essayez pas de retirer l’armée de ma façon de faire. Et quand j’ai l’impression que vous n’êtes pas hostile au soldat en moi, alors je peux vous parler.

Laryssa

OK. Passons à l’autre aspect de ma question, c’est-à-dire ce que tu dirais aux vétérans qui pourraient faire appel à des fournisseurs de services. Quelles recommandations ferais-tu pour améliorer la communication? Je pense que l’on retire de la thérapie ce que l’on y met, il faut s’y investir. Donc, si tu as une attitude fermée pendant toutes les séances et que le test de l’odeur prend neuf séances pour voir si cette personne te comprend, cela ne profite à personne. Donc, que dirais-tu aux vétérans au sujet de la communication avec leur thérapeute?

Brian

Ils sont des spécialistes; approchez-les comme tel. Si votre tourelle fait un bruit bizarre lorsque vous la tournez vers la droite, mais pas vers la gauche, vous le diriez exactement comme ça. Vous n’en cacheriez pas une partie, n’est-ce pas? Vous devez traiter votre thérapeute comme quelqu’un qui a besoin de connaître la vérité pour faire son travail. Donc, si quelqu’un vous dit, par exemple, que boire plus de quatre bières par semaine est mauvais pour vous, et que vous buvez beaucoup plus que cela, ce n’est pas un test pour voir si vous respectez la règle. Le médecin doit savoir combien vous en prenez.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Parce qu’il va peut-être prescrire des choses; il va travailler sur des thérapies; il va choisir les options qui vous conviennent le mieux. Il doit donc connaître la vérité à votre sujet. Et cela m’a pris du temps à accepter.

Et je sais que c’est assez courant. Donc, si jamais vous avez l’intention de quitter cette pièce sous quelque forme que ce soit qui soit meilleure que lorsque vous y êtes entré, dîtes la vérité seulement, au mieux de votre connaissance.

Laryssa

Ton analogie est centrée sur l’armée. Ce que je dirais aux membres de la famille qui ont souvent besoin de leur propre soutien, et de thérapie, c’est de tout sortir. Videz votre poche, y compris la peluche qui se trouve au fond. Sortez aussi la peluche de votre poche. Le thérapeute doit voir cela aussi. Alors, allez dans les recoins les plus profonds et les plus sombres et mettez tout sur la table. Voilà donc le côté Laryssa de ton analogie de la tourelle.

Brian

J’ai actuellement un médecin qui a fait beaucoup pour moi. Mais la première chose qu’il a dû faire a été de me montrer qu’il s’agissait d’un endroit où je pouvais dire la vérité. Il me disait : « À quoi penses-tu vraiment? Des idées suicidaires? » Je n’avais pas ce problème, n’est-ce pas? Mais je l’avais, en vérité. Et il m’a fallu un certain temps pour croire que c’était l’endroit pour en parler. Et ce n’est pas facile, mais vous ne réglerez pas le problème, à mon avis, en disant 60 % de ce que vous pensez que votre médecin doit savoir.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Comment le sauriez-vous? Et c’est tout. C’est un art. Vous n’obtiendrez probablement pas de réponse toute faite, comme si vous vous étiez foulé le poignet. Le traitement est assez défini dans ce cas. Il va y avoir des fluctuations pendant un certain temps. Vous allez devoir suivre un processus qui donnera peut-être l’impression que le médecin fait des suppositions et des tests, mais c’est parce que l’esprit est si compliqué, et vous devez avoir confiance que c’est un spécialiste qui sait ce qu’il fait.

Je vais vous faire accepter mon précurseur, qui est : « Si ça ne fonctionne pas, changez de médecin ». On ne peut pas continuer à travailler avec le même médecin si on sait que cette relation ne fonctionne pas. Vous vous devez, à vous-même, au contribuable qui paie la facture et à ce médecin, d’utiliser cette séance à bon escient.

Si c’est mort dans l’œuf, trouvez-vous un autre médecin.

Laryssa

Je pense que c’est vraiment utile. Je te suis reconnaissante d’avoir mis cela en lumière, car j’ai pu observer, en travaillant avec les vétérans et leur famille et dans ma vie personnelle avec mon conjoint, qu’il y a peut-être eu un moment où tu ne pensais pas pouvoir le faire.

Dans l’armée, on vous affecte un clinicien ou quelqu’un d’autre à la salle d’examen médical. C’est cette personne qui vous traite. Et c’est tout. Vous ne pouvez pas défendre vos intérêts, vous n’êtes pas responsable de votre propre guérison. Et je pense qu’il est important que certaines personnes entendent que si ça ne fonctionne pas, si ce n’est pas approprié, alors vous pouvez défendre vos intérêts et emprunter une autre voie. Vous n’êtes pas pris avec cette personne ou même cette modalité de traitement. Merci d’en avoir parlé.

Brian

Oui, et le rang entre en ligne de compte, peu importe à quel point les gens veulent dire le contraire. Ils disent que cela n’a pas d’importance. Du point de vue du patient, oui. En tant qu’adjudant, j’ai senti que je pouvais revenir au système et dire : « Ce praticien ne me convient pas. »

Laryssa

OK.

Brian

J’ai des soldats qui m’ont dit qu’ils n’avaient pas le même sentiment de flexibilité, même si on leur dit qu’ils peuvent soulever la question.

Oui, eh bien, c’est une conversation différente. C’est une conversation tout à fait différente. Et c’est là que le leadership peut vraiment jouer un rôle. En rappelant aux gens qu’ils ont des droits, qu’ils sont des patients, pas seulement des soldats. Je pense donc que c’est important.

Laryssa

D’accord, passons à autre chose, Brian. On parle de communication. On a parlé des fournisseurs de services et de la famille, ce sur quoi nous reviendrons peut-être avant de terminer aujourd’hui. Mais parle-moi de la communication avec d’autres personnes qui te fournissent des services, comme ACC.

Brian

Bien sûr. Tu veux parler des Canucks?

Laryssa

OK. (rires)

Brian

Tout à fait.

Laryssa

C’était subtil.

Brian

J’ai donc eu un problème il y a quelques années. Et je suis assez méticuleux avec mes papiers. Le problème que j’avais, c’est que je n’avais pas ouvert une lettre très anodine de l’Agence du revenu du Canada, du bureau de l’impôt, qui me disait que je devais faire quelque chose; je devais leur fournir un document. Facile à faire, mais je n’avais pas répondu depuis environ 14 mois. J’avais donc un problème. Eh bien, la raison pour laquelle cela s’est produit, c’est que les enveloppes brunes du gouvernement pendant un certain nombre d’années m’ont toujours apporté de mauvaises nouvelles. Normalement, elles signifiaient « Tu n’es pas admissible à ceci » ou « Tu dois subir une réévaluation pour cela ».

Il s’agissait normalement d’une réponse douloureuse écrite dans sept pages de jargon juridique qui, après interprétation, était une mauvaise nouvelle. Cela m’a amené au point où tout ce qui ressemblait à cela a été traité de la même façon. Alors, j’ai eu un problème fiscal. Parce que j’en avais assez de la communication écrite que je recevais et qui me fâchait.

La pile sur mon bureau ne faisait que grossir. J’y ai même trouvé un chèque de remboursement quand j’ai décidé de m’y attaquer. Il y avait littéralement de bonnes nouvelles dans une enveloppe, mais je n’ai jamais eu l’occasion de célébrer ce chèque de 54 $ parce qu’il est resté là comme tout le reste. C’est donc une partie du problème. Et j’admets que je veux encore parler à quelqu’un. Je ne veux pas parler à un mur, à un plexiglas ou à quelqu’un qui dit que je dois prendre un rendez-vous. J’ai un problème maintenant.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Alors, je dois demander un rendez-vous par l’entremise de ce programme informatique, et une personne me répondra et me proposera un rendez-vous peut-être une semaine plus tard. Ce n’est pas ce que je recherche quand j’ai un problème. Et peut-être que la réponse est, eh bien, ne cherchez pas de l’aide ici, mais alors vous devriez vous approprier cette réponse, n’est-ce pas?

Il y a donc beaucoup de perplexité dans cette question de communication. Je connais des gens qui font affaire avec le gouvernement tous les jours, de multiples voies de communication avec divers ministères. Mais il y en a une dont ils ne veulent pas parler. Et c’est parce que c’est une conversation crue.

Je ne parle pas d’une occasion d’affaires par l’entremise de Science Canada ou de quelque chose du genre. Ni d’exporter un produit. Mais plutôt ce à quoi ressemblera votre couverture et le nombre de fois que vous devrez revoir cette histoire pour convaincre l’autre personne que vous êtes admissible à quelque chose.

Laryssa

Tout à fait. Parce que les interactions des vétérans avec ACC portent sur une maladie ou une blessure, évidemment liée au service. Il y a donc une vulnérabilité, qu’il s’agisse d’une blessure physique ou d’une blessure de santé mentale, qui vous oblige à revenir en arrière et à approfondir certaines de ces choses. Qu’il s’agisse de la façon dont elle est survenue, de l’impact qu’elle a eu sur vous dans le passé, et qui peut vous rappeler des changements, peut-être, dans qui vous êtes maintenant : que vous n’êtes pas aussi capable, que vous n’avez pas la capacité, que vous n’êtes pas aussi bien que vous l’étiez auparavant. Il pourrait donc y avoir d’autres couches à ce que cette enveloppe représente. Et puis la nécessité : Je ne suis pas complet; je ne suis pas apte; je ne suis pas la personne que j’étais avant. Donc, il pourrait y avoir plus.

Brian

Oui. Aussi, comme on l’a dit, la porte d’entrée pour obtenir quelque chose qui vous aidera est très souvent une désignation qui ne sonne pas si bien que ça. Il faut être réhabilité avant d’être admissible à des choses dans le monde de la réadaptation.

Je comprends, d’un point de vue bureaucratique, pourquoi cela doit se produire. Mais je n’aime pas qu’on me dise que j’ai besoin de réadaptation ou que mon statut est diminué.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Donc, pour leur défense, il n’y a probablement pas une bonne façon de faire, mais il y a des façons mauvaises et pires. Et c’est un extérieur assez dur quand on essaie d’en parler.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Donc, une chose que j’aimerais dire, et cela va te mettre sur la sellette, mais je pense que c’est l’objectif. Je veux revenir à ma conversation sur le sac à main. Comment peux-tu m’aider à cet égard?

Laryssa

Bon sang! D’accord, oui. Me mettre sur la sellette. Eh bien, tout d’abord, je ne peux pas t’aider si je ne comprends pas ce qui se passe pour toi.

Cela ne veut pas dire que j’ai besoin de connaître les détails. On parle de communication. Ce n’est pas que je veuille que mon conjoint ou toi, en tant que collègue, vous penchiez sur ces questions, mais peut-être que je peux vous aider si vous me parlez de comment ça vous touche.

Brian

Oui.

Laryssa

Donc, à titre d’exemple, je vais prendre mon conjoint.

Pendant très longtemps, il a eu de la difficulté à passer au service au volant. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé pour lui. Je suis dans le domaine militaire depuis assez longtemps pour pouvoir spéculer. Il y a le bâtiment lui-même, il y a habituellement une clôture de l’autre côté, des véhicules devant et derrière, le mouvement est limité, etc. Je peux comprendre. Je n’avais donc pas besoin de connaître les détails de ce qui s’est passé. Je devais seulement savoir qu’il était difficile pour lui de passer au service au volant.

Brian

Oui.

Laryssa

J’ai donc dû accepter que lorsque nous allions au restaurant, nous allions chercher notre commande à l’intérieur, plutôt que de passer par un service au volant. La première fois que nous avons passé par le service au volant ensemble, je me suis dit que c’était vraiment génial! J’étais vraiment fière de lui! Et je pensais que ça allait aider. Ce que j’ai fait, c’est que j’ai commencé à bavarder avec lui, je parlais sans cesse parce que je voulais le distraire.

Je parlais sans cesse. Une fois que nous sommes passés, il se range sur l’accotement et il me dit : « Ne fais plus jamais ça! »

Brian

Oui.

Laryssa

Parce que je l’ai distrait des techniques de conscience de l’ici-maintenant qu’il voulait utiliser, dont il a parlé avec son thérapeute. Il essayait de faire tout cela. Je l’ai distrait de la mauvaise façon. Mais encore une fois, tout cela devait être communiqué.

Donc, pour revenir à ta question, comment puis-je t’aider? Si jamais nous nous trouvons dans une situation, je dois savoir comment y être sensible, comment t’appuyer.

Brian

Donc, ce truc du service au volant. Je suis heureux que tu aies soulevé cette question.
On est dans une voiture. Je ne peux pas m’échapper à l’avant parce que la voiture qui se trouve devant est là, le conducteur se demandant s’il veut du fromage sur son hamburger ou non.

Laryssa

Commandant beaucoup trop de sandwichs. Le service au volant n’est pas censé servir à commander des repas complets.

Brian

Exactement. Et puis il y a la personne derrière, alors je suis coincé là. Impossible de m’échapper à gauche parce que c’est là que se trouve le restaurant, qui sera du côté du conducteur. Impossible à droite aussi, puisque tu t’y trouves. Comment peux-tu ne pas savoir ce qui ne va pas avec le service au volant? C’est une question de bon sens, n’est-ce pas? Eh bien, c’est une question de bon sens pour moi et mes pairs, parce que c’est ce que nous appelons, si je faisais cela à l’ennemi, la canalisation. Je n’ai pas seulement de mauvaises choses pour lui. Je dois le mettre dans une position où cette mauvaise chose va faire effet.
De la même façon, l’ennemi ne se contente pas de mettre des bombes partout dans le monde en espérant que je passe sur une. Il doit créer un scénario qui m’amène à ce point.

Laryssa

Tout à fait.

Brian

Il a peut-être même besoin que mon véhicule se trouve à 18 pouces, pas plus près et pas plus loin, pour que ça fonctionne. Et la façon dont il le ferait serait de créer une zone par laquelle je n’ai pas le choix de passer.
Ajoutons au service au volant le fait de parler à la radio, donc des communications métalliques, très semblable au fait de parler à la radio militaire. En plus, c’est très semblable à aller et sortir d’un camp, où on vit ce changement émotionnel massif, soit la joie de revenir ou la nervosité par rapport à ce qui se passera une fois qu’on sera sorti.

Bref. Je ne veux pas passer par le service au volant. Mais je parie que mes enfants, même aujourd’hui, ne comprennent pas pourquoi je ne veux pas le faire.

Laryssa

Alors, qu’est-ce qui t’empêcherait de leur dire ce que tu viens de me dire?

Brian

Je ne veux pas qu’ils deviennent bizarres. Je ne veux pas qu’il y ait quatre personnes dans ma maison qui détestent le service au volant.

Laryssa

Intéressant.

Brian

Allez-y sans moi. C’est plus efficace. Je comprends pourquoi vous voulez le faire. Il n’est pas nécessaire de sortir de la voiture. Les choses se présentent à vous. C’est rapide. J’ai compris. Mais je déteste cela. Je n’irai pas. Et c’est tout.

Revenons en arrière pour parler de l’autobus. Il m’a fallu des années pour comprendre ce que je vais te dire. Ce qui m’a dérangé au sujet de l’autobus, c’est le sac à main, et ce qui m’a dérangé au sujet du sac à main, c’est que c’est le dernier article de cette personne au monde. J’avais l’impression de marcher sur sa pierre tombale.

Si j’avais su pendant les premières années que je souffrais de cela, que ce que je viens de te dire était en fait ce qui me dérangeait, tu aurais pu m’aider en tant qu’ami. Ma femme aurait pu m’aider en tant qu’épouse. Mon médecin se serait épargné trois ans.

Je peux donc avoir cette conversation maintenant parce que je sais de quoi il s’agit.

Laryssa

Je comprends.

Brian

Vous comprenez? Je sais maintenant que c’est mon lien affectif avec ce moment. De penser que j’ai manqué de respect envers quelqu’un.

Cela me dérangeait plus que ce qui s’était passé. Cela a pris du temps. Et tu ne le sauras pas à moins que je te le dise. Donc oui, c’est à moi qu’il incombe de communiquer. Mais je veux que les gens qui nous écoutent réalisent à quel point cette conversation peut être intimidante.

Laryssa

Oui, parce que ce n’est pas superficiel. Le mot qui m’est venu à l’esprit à quelques reprises était « vulnérable », même lorsque tu décrivais le service au volant. Cela place le militaire, le vétéran dans son esprit, dans une position vulnérable. Et divulguer la signification de ce sac à main te met de nouveau dans une position vulnérable, ce qui peut être extrêmement difficile.

Brian

Alors voici quelque chose d’autre. C’est un épisode sur la communication, mais on pourrait aussi bien l’appeler l’histoire du bus. Il y avait un autre camp dans ce pays, en Afghanistan, où les gens avaient pris la moitié d’un autobus qui avait explosé et l’utilisaient comme café-bar. Ils servaient littéralement leur équivalent de Starbucks par la fenêtre de cet autobus explosé.

Cela ne me posait aucun problème. Je me demande maintenant pourquoi je n’ai pas eu de problème avec cela. J’ai de la difficulté à prendre l’autobus ici. Un autobus parfait ici; personne à bord ne me causera de problème. Pas deux enfants restés coincés sous un autobus qui a explosé en Afghanistan. C’est ce que j’ai vécu là-bas. C’est ce qui me vient à l’esprit lorsque je prends l’autobus ici.

Mais parmi mes amis et mes camarades, je pouvais boire un café qui m’était servi dans un bus explosé. Je ne sais pas pourquoi. En fait, je ne suis pas certain que ce soit acceptable. Mais cela montre simplement que, lorsque je côtoie des gens qui me comprennent, cela élimine toutes ces pressions inutiles.

On peut même voir l’humour dans certaines de ces choses. Et l’humanité aussi, et nous le comprenons. Donc oui, j’ai des problèmes ici avec des choses qui sont beaucoup plus bénignes que si je les vivais avec d’autres vétérans.

Laryssa

Tout à fait. Et comment communiques-tu cela à ta famille?

Brian

Comment puis-je communiquer cela à ma famille sans leur faire sentir qu’ils sont inférieurs à mes camarades?

Laryssa

Oui. Et c’est quelque chose que j’ai dû accepter, je crois, dans ma relation. Mon conjoint a des relations qui ont des liens différents, tout aussi proches et peut-être même plus serrés qu’il a avec moi pour différentes raisons.

Il y a des gens avec qui il a servi qui ont littéralement tenu la vie de l’autre entre leurs mains. Et je pense que j’ai dû me résigner au fait qu’il ne s’agissait pas d’un concours. Il s’agit simplement d’un type de relation différent que je ne comprendrais pas. Cela ne veut pas dire qu’il m’aime moins. Cela signifie que c’est tout simplement dans un contexte très différent.

J’aimerais revenir un peu sur les familles, parce que nous avons beaucoup parlé des difficultés de communication, des obstacles pour les vétérans. Quand on se préparait, j’ai eu la même réaction que toi : Je ne suis pas bonne en communication et je me sens hypocrite d’enregistrer ce balado sur la communication, alors que je sais que, dans ma vie personnelle, je ne suis pas une gourou, qu’il y a beaucoup d’endroits que, en tant que membre de la famille, je peux améliorer. On pourrait disséquer ces raisons et ces justifications. Cela est dû en partie à ma relation avec un vétéran et au fait que je ne sais pas comment aborder les choses ou quelles questions poser.

C’est en partie à cause de ma propre incapacité à faire face à la fermeture. Je pense que beaucoup de membres de la famille se renferment, surtout s’ils n’obtiennent pas la réponse souhaitée du vétéran ou, comme je l’ai dit, s’ils interprètent mal les symptômes ou les comportements, s’ils n’établissent pas de contact visuel, etc.

Brian

Eh bien, nous ne savons pas vraiment ce que vous vivez. Et dans une certaine mesure, tu m’as appris cela. J’ai fait partie d’une famille militaire. J’étais un militaire. C’est en fait un de mes points de friction, parfois, lorsque les gens essaient de mobiliser la famille, mais pas le vétéran.

Laryssa

Oui.

Brian

Je suis ici moi aussi. Mais depuis la création de cet institut, pourquoi avons-nous demandé que les familles soient parallèles à nous? Et c’est parce que nous savions qu’il y avait des problèmes, mais ce n’est certainement pas parce que nous les connaissions, n’est-ce pas?

Même au cours des deux années où nous avons travaillé ensemble, j’en ai appris davantage sur le point de vue et sur ce que vous vivez. Je me sentais parfois frustré lorsque les gens avaient une image glorifiée de la guerre ou une image tout à fait tragique de la guerre.

J’ai beaucoup joué au volley-ball à l’étranger. J’ai aussi joué beaucoup au poker. Ce n’est pas la conversation habituelle.

Il y a cinq jours de ma pire mission qui ont vraiment été mauvais pour moi. Les autres ont été un véritable plaisir. J’aimerais que tu puisses vivre la camaraderie, l’excitation et le plaisir d’être autour d’un peloton. Et je suis triste que les autres ne comprennent pas. Mais pour le soldat moyen, si vous lui dites qu’il n’y a personne à moins d’un kilomètre qui veut le blesser, c’est une excellente nouvelle. Cela vaut la peine de lancer un tournoi de poker.

Si vous dites à la conjointe moyenne qu’à l’extérieur d’un kilomètre, il y a quelqu’un qui veut vraiment tuer son mari, c’est une mauvaise nouvelle, n’est-ce pas? Il est donc difficile d’aborder la même chose sous deux angles différents. Maintenant, ajoute huit fuseaux horaires, et le fait de parler par Zoom, au mieux.
Laryssa, honnêtement, nous ne savons pas ce que vous vivez.

Laryssa

J’aimerais te parler d’un exercice auquel j’ai participé il y a quelques années. Encore une fois, il s’agit d’une blessure liée à la santé mentale, mais cela pourrait donner aux gens des renseignements utiles à ce sujet. Nous pourrions alors parler de ce que j’ai vécu pendant un déploiement en tant que membre de la famille d’un militaire.

Mais je veux revenir à l’expérience de soutenir un être cher qui a une blessure, une blessure mentale. Cet exercice a donc eu lieu pendant une retraite de couples. Tous les vétérans souffrant d’un trouble de santé mentale se sont rendus dans une pièce, tous les membres de famille se sont rendus dans une autre pièce et ont fait le même exercice dans les deux pièces.

Autour de la salle, nous avons placé différentes affiches avec les titres « psychologique », « spirituel », « financier » et « physique ». Nous avons demandé aux participants d’écrire sur les listes comment leur trouble les avait touchés dans ces différents domaines. Pour moi, en tant que membre de la famille, comment ai-je été touchée physiquement, etc.

Donc, à la fin, on a réuni les deux groupes et mis les affiches côte à côte. Nous avons constaté que les expériences des membres de la famille étaient les mêmes que celles des vétérans. Beaucoup des choses que vous vivez avec votre trouble, les membres de votre famille les vivent aussi.

Tout cela pour dire, puisque nous parlons de communication aujourd’hui, et cela semble un cliché. Parlez aux membres de votre famille, parlez à votre vétéran, écoutez ce qu’il a vécu, parce que je suppose que vous avez peut-être plus de choses en commun et que vous êtes plus dans la même équipe que des adversaires dans votre parcours.

Brian

Donc, dans le monde de la discussion informelle, une chose que je trouve, c’est que quand je vais chez le médecin, je passe une heure à lui parler de choses qui sont évidemment assez personnelles, assez lourdes. Je dois vraiment me concentrer lors du retour à la maison sur la route de retour et non sur la conversation. Comment veux-tu que je franchisse la porte et que je dise : « Je ne veux pas te parler maintenant »?

Laryssa

Je pense que je veux que tu me dises, avant de partir, « Écoute, j’ai une séance aujourd’hui et lorsque je rentre à la maison, j’ai vraiment besoin de temps pour décompresser et traiter ce qui s’est passé pour moi. Donc, si tu peux m’accorder cette heure et informer les enfants, etc. » Encore une fois, pour revenir à la communication, au fait de m’informer avant, afin que je ne sois pas en train de dire : « Comment s’est déroulée la séance? À quoi penses-tu? » Pour que nous puissions respecter ce dont tu as besoin et vice versa. Si le membre de la famille participe à une séance de thérapie ou s’il travaille à temps plein et que le vétéran est à la maison, demande-lui : « De quoi as-tu besoin lorsque tu franchis la porte? » Pose la question avant.

Brian

Une chose qui fonctionne pour moi, c’est que si je veux que quelque chose ne se produise pas, il est utile de déterminer quand cette chose se produira. Donc, si je termine ma séance à 13 h, je serai à la maison à 13 h 15. Si je ne veux pas me faire bombarder de questions à 13 h 15, l’une des façons de le faire, c’est de dire « On pourra parler après le souper. » Ou « Je vais promener le chien. Je serai probablement de retour à 14 h, après quoi on pourra discuter. » Je trouve que si nous déterminons comment et quand nous allons discuter, cela crée l’espace nécessaire pour pouvoir entrer dans la maison, déposer mon manteau, caresser le chien et respirer un peu. Et laisser tomber un peu mes défenses.

Donc, le fait de déterminer quand nous allons parler aide à créer un espace où je n’ai pas besoin de parler. Ce n’est qu’une chose qui fonctionne pour moi. Je ne sais pas si cela fonctionne pour quelqu’un d’autre, mais nous avons eu un certain succès à cet égard.

Laryssa

OK.

Brian

Eh bien, vas-tu le faire? Vas-tu suivre mon conseil? Ou vas-tu simplement m’ignorer?

Laryssa

Oui, je vais t’en reparler. On s’en reparle.

Brian

Il s’agit donc de communication. C’est pourquoi c’est difficile. Honnêtement, cela m’effraie parfois.

Laryssa

Je pense que c’est continu. J’ai révélé que je n’étais pas une experte en communication, et je pense que cela fluctue. Donc, je pense que l’important est d’être conscient, d’avoir des conversations et de continuer à faire des efforts.

Brian

Et soyez prêt et ouvert à revoir les choses. Ce pourrait être « Non, je ne peux pas te parler », mais ce pourrait aussi être « Non, je ne peux pas te parler aujourd’hui de cet incident, mais peut-être dans une semaine ». Les deux parties doivent comprendre que « non » ne signifie pas « jamais ». Nous pouvons, et nous devons probablement, discuter à ce sujet, mais j’aurai peut-être aussi besoin de cinq minutes.

Laryssa

Exactement. Eh bien, c’était bien d’avoir cette conversation avec toi, de communiquer au sujet de la communication.

Brian

On communiquera plus tard sur la façon dont on a communiqué au sujet de la communication.

Laryssa

(rires) 10-4.

Brian

D’accord.

Laryssa

Merci, Brian.

Brian

À la prochaine. Merci.