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La transition, la santé mentale et mon parcours vers l’ingénierie en sécurité des systèmes « au sens large »

Qu’est-ce que l’ingénierie en sécurité des systèmes « au sens large »? Bonne question. Nous y reviendrons. Mais d’abord, permettez-moi de vous parler du parcours qui m’a mené à cette occupation.

Je ne viens pas d’une famille très aisée. Mon enfance a été marquée par des difficultés, et le traumatisme que j’ai vécu pendant ces années a eu une incidence sur ma capacité de réussir sur le plan scolaire. J’ai quitté l’école secondaire sans diplôme. J’ai échoué deux fois à l’examen de trigonométrie, une fois pendant l’année scolaire et une autre à l’école d’été. J’en ai eu assez.

En 1980, j’errais tandis que mes amis allaient à l’université pour étudier dans des domaines comme le génie civil. Un jour, je suis passé devant un centre de recrutement des Forces armées canadiennes, sans attente précise. De manière impromptue, j’ai décidé d’entrer. Après avoir effectué les tests d’aptitude, j’ai choisi le métier de chercheur en communications, car j’étais attiré par les communications et la nature secrète des renseignements d’origine électromagnétique (ROEM). Je savais alors que j’avais trouvé mon chemin.

En 1981, après avoir terminé la formation de base et six mois de cours sur les ROEM, j’ai été affecté à ma province natale. Au cours des 20 années qui ont suivi, j’ai servi partout au Canada et ailleurs, sur de nombreux littoraux, à Ottawa et outremer, en Italie et en Bosnie. L’un des points saillants de ma carrière a été de diriger la création et la mise sur pied de la première équipe canadienne d’intervention d’urgence en informatique en 1999. De concert avec l’équipe d’évaluation de vulnérabilités du réseau, nous avons créé le Centre de protection de l’information, qui est devenu par la suite le Centre d’opérations des réseaux des Forces canadiennes.

Un nouveau chapitre s’est amorcé au début des années 2000. Je suis passé du secteur militaire au secteur privé, où j’ai créé des centres d’opérations de sécurité dans le monde commercial. Au fil des ans, j’ai travaillé pour diverses entreprises, mais ma plus grande réalisation fut de faire évoluer une petite entreprise de gestion des risques liés à la sécurité, en faisait passer son chiffre d’affaires de 5 à 22 millions de dollars par année en trois ans.

Malgré ces réalisations professionnelles, il subsistait un problème sous-jacent que je n’avais pas entièrement reconnu : ma santé mentale. Des années de travail sous pression et les traumatismes que j’avais vécus dans ma vie personnelle et la vie militaire ont commencé à se faire sentir. J’ai pris ma retraite en 2001, mais le processus de transition de la vie militaire combiné au trouble de stress post-traumatique (TSPT) a eu de graves répercussions sur mes relations avec ma famille, mes collègues et moi-même.

J’ai reconnu trop tard mes problèmes de santé mentale, après que les dommages sont survenus. J’ai eu de la difficulté à comprendre pourquoi je luttais constamment contre l’anxiété et la frustration et pourquoi je me sentais déconnecté de mon entourage. Malheureusement, le fardeau de mes problèmes de santé mentale n’était pas seulement le mien; il devait aussi être porté par mes proches.

En 2010, je me suis prévalu de services de counselling personnel. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience du fait que je souffrais peut-être de symptômes du TSPT. Malgré cette constatation, ce n’est qu’en 2020 que j’ai reçu mon diagnostic officiel. Au cours des quatre dernières années, avec le soutien d’Anciens Combattants Canada, j’ai appris à me retrouver dans le processus visant à obtenir l’aide nécessaire. Le fait de trouver un bon thérapeute a vraiment changé les choses et je continue de tirer les bénéfices du travail que nous avons fait ensemble. Le parcours a été long et difficile, mais il a aussi été transformateur et m’a permis d’effectuer des changements importants qui ont amélioré ma vie personnelle et professionnelle.

Bien que mon cheminement vers la guérison ait été long, je continue à déployer des efforts pour surmonter les obstacles que posent le TSPT et les problèmes de santé mentale. Aujourd’hui, je suis engagé à l’égard de ma profession, mais je suis également déterminé à défendre la cause de la santé mentale pour les autres vétérans aux prises avec des difficultés semblables. Je suis devenu secouriste en santé mentale parce que je voulais redonner aux autres et les aider à surmonter leurs problèmes de santé mentale plus tôt que je ne l’ai fait. Personne ne devrait se sentir seul par rapport à cette situation.

En 2016, je me suis joint au Centre d’essais techniques (Mer), où j’ai mené des consultations sur les aspects de la cybersécurité du projet des navires de combat canadiens. Au cours des dernières années, j’en ai appris davantage sur l’ingénierie en sécurité des systèmes qu’à tout autre moment de ma carrière de 42 ans. J’en suis également venu à comprendre la distinction entre les véritables rôles d’ingénierie et ce que j’appelle l’ingénierie en sécurité des systèmes « au sens large ». De nombreux rôles dans l’industrie de la sécurité sont désignés comme des rôles d’ingénierie, mais si une personne n’est pas un ingénieur agréé, il ne s’agit pas techniquement d’un rôle d’ingénierie. Je respecte les qualifications durement acquises de mes collègues ingénieurs professionnels, d’où ma réticence à employer le terme sans réserve.

Quelle et la signification de cette histoire? Que vous déteniez des titres de compétence officiels ou non, il existe de nombreux chemins vers la réussite. Mon histoire montre que la formation universitaire n’est pas l’unique voie, surtout dans le contexte actuel où la formation, le mentorat et les ressources gratuites sont plus accessibles que jamais. La clé, c’est la ténacité, ainsi que la volonté d’apprendre et de relever des défis.

Lorsque j’offre des séances de mentorat aux militaires en cours de transition, je réfléchis souvent au fait qu’on met beaucoup plus de soutien à leur disposition qu’à l’époque de ma transition. Les programmes de mentorat, les plateformes de formation gratuites et les occasions de réseautage abondent. Peu importe vos antécédents, si vous vous engagez à apprendre et à évoluer dans un domaine donné, vous pouvez vous prévaloir d’innombrables ressources pour réussir.

Mon cheminement n’a pas été sans accroc, et certains jours, je me sentais complètement débordé. Mais je peux dire que je n’ai jamais regretté la carrière que j’ai menée et je continue d’être fier de tout ce que je fais. Si vous lisez ce texte et que votre parcours est semblable au mien, sachez que vous pouvez tracer votre propre chemin, comme je l’ai fait. Et si vous avez besoin de parler à quelqu’un, je suis toujours là pour vous aider.

Lorsque vous entamez votre parcours, rappelez-vous ceci : vous êtes le produit de votre environnement, alors choisissez-le judicieusement. C’est un conseil que j’ai suivi tout au long de ma carrière et de mon parcours en matière de santé mentale.

Peter J. Hillier, CD, CISSP, vérificateur ISO27001

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