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Le retour d’un soldat : En souvenir du fils perdu de Terre-Neuve

En mai 2024, la dépouille d’un soldat inconnu de la Première Guerre mondiale originaire de Terre-Neuve a été rapatriée de Beaumont-Hamel, dans le nord de la France. Lisez le point de vue d’un vétéran des Forces armées canadiennes qui a participé à la cérémonie de rapatriement, les réflexions d’un vétéran terre-neuvien et une réflexion sur l’importance de l’événement de rapatriement par le conseiller stratégique national pour les vétérans de l’Institut Atlas.

Brian McKenna, adjudant (retraité)
Conseiller stratégique national – Vétérans
Institut Atlas pour les vétérans et leur famille

J’estime que la commémoration des vétérans est une chose que le Canada fait plutôt bien. Mais pour être à la hauteur, nous ne devons jamais nous contenter de ce que nous avons fait. L’engagement des vétérans a des conséquences éternelles et nous devons donc faire preuve du même engagement dans la façon dont nous nous occupons d’eux. Il n’y a pas de date d’expiration, même lorsque les vétérans et les membres de leur famille sont décédés depuis longtemps. C’est pourquoi il y a beaucoup à comprendre lorsque Terre-Neuve ramène l’un de ses fils perdus de Beaumont-Hamel pour qu’il soit inhumé en tant que soldat inconnu. C’est aussi l’occasion d’une leçon d’histoire, car j’ai moi-même eu quelque chose à apprendre : le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador devient le plus proche parent officiel du soldat.

Avant de rejoindre la Confédération canadienne, Terre-Neuve avait sa propre histoire militaire, à la fois fière et tragique, en tant que dominion de l’Empire britannique. Elle a envoyé du personnel dans un grand nombre des mêmes conflits que le Canada, mais en tant qu’entité propre et souvent dans des lieux différents de ceux des Canadiens en raison de leur placement dans l’armée britannique. Ainsi, alors que les récits canadiens de la Première Guerre mondiale évoquent souvent des lieux tels que les Flandres, la Belgique et Vimy, les Terre-Neuviens se sont retrouvés à travailler avec les Anzacs (forces australiennes et néo-zélandaises) lors de la campagne de Gallipoli, dans l’actuelle Turquie, qui faisait partie de l’Empire ottoman à l’époque. Ces liens militaires existent toujours aujourd’hui.

De là, les Terre-Neuviens ont été redéployés en France et ont subi des pertes incroyables le 1er juillet 1916 à Beaumont-Hamel, où la grande majorité du régiment a été tuée ou blessée. La semaine dernière, la dépouille non identifiée de l’un de ces hommes du bataillon a été rapatriée à Terre-Neuve. Il sera présent lors de toutes les futures cérémonies du jour du Souvenir à St. John’s, car sa dernière demeure se trouvera sur le nouveau monument du Mémorial national de guerre de Terre-Neuve.

C’est important. Il est important que notre engagement envers lui ne prenne jamais fin, parce que les militaires vivants qui signent aujourd’hui la ligne pointillée le voient et savent que nous déploierons les mêmes efforts pour les honorer. Car s’ils tombent au service de la mère patrie, le Canada, ils méritent eux aussi que nous nous engagions sans relâche à les retrouver, à les identifier et à les inhumer avec leurs camarades, du mieux que nous pouvons raisonnablement le faire. Il est important que les citoyens soient sortis pour le voir et lui rendre hommage et que son régiment ait été là pour l’accueillir, car c’est ainsi que les choses se seraient passées s’il était mort la semaine dernière. Ce qui compte, c’est qu’il n’y ait aucune différence dans cette situation.

La fête du Canada est également le Memorial Day à Terre-Neuve, ce qui crée un mélange unique de commémoration et de célébration. Cette année, j’imagine qu’il y aura une dose supplémentaire de ces deux éléments, car nous achevons ce qui a commencé il y a plus de cent ans, lorsque le soldat a été mis en tombe le jour de la commémoration. Repose en paix, ton tour de garde est terminé.

Major (retraité) Jason Vaters

Le 23 avril, les vétérans de l’armée, de la marine et des forces aériennes au Canada (ANAVETS) m’ont désigné pour les représenter et assister à la cérémonie de rapatriement des restes d’un soldat terre-neuvien inconnu ayant servi pendant la Première Guerre mondiale. À partir de ce moment-là, j’ai été pris dans un tourbillon d’activités, depuis l’obtention d’un certificat médical pour le voyage jusqu’à l’assurance maladie, etc. Tout a été organisé par Anciens Combattants Canada (ACC) – la seule chose que j’avais à faire était de me présenter.

Le contingent dont je faisais partie a quitté St. John’s à bord d’un Airbus militaire tôt le 22 mai et a atterri à l’aéroport Albert-Picardie en France plus tard dans la journée. Il y avait une centaine de personnes, dont des politiciens, des journalistes et des délégués. Tous les délégués étaient des Terre-Neuviens et des Labradoriens, dont certains que j’ai appris à bien connaître et que j’ai maintenant l’honneur d’appeler mes amis. Nous avons séjourné dans la ville pittoresque d’Amiens pendant toute la durée de notre courte visite.

La première étape du premier jour de notre voyage a été le site de la Commission des sépultures militaires du Commonwealth à Beaurains. Les efforts et le dévouement déployés pour préserver les 2 945 sites en France sont remarquables. Qu’il s’agisse de garder l’herbe fraîche ou de restaurer les pierres tombales et les panneaux de signalisation, c’est un effort monumental réalisé pour que le public n’oublie pas ce qui s’est passé en France il y a plus de 100 ans. À mon avis, chaque centime versé par le Canada pour l’entretien de ces sites vaut son pesant d’or.

Le deuxième site que nous avons visité était le Mémorial terre-neuvien de Monchy-le-Preux, l’une des étapes du sentier du Caribou. Le sentier comprend six sites historiques, chacun marqué par une statue en bronze d’un caribou, l’emblème de ce qui est aujourd’hui le Royal Newfoundland Regiment, afin de commémorer les réalisations, les contributions et les sacrifices de Terre-Neuve pendant la Première Guerre mondiale. Nous avons rencontré de nombreux habitants de la ville, ainsi que le maire de Monchy-le-Preux. De nombreux écoliers étaient présents. Je le mentionne parce qu’on m’a remis une cinquantaine d’épinglettes d’ACC et des ANAVETS dans le but exprès de les donner aux enfants.

Major (retraité) Jason Vaters

Notre troisième arrêt a eu lieu au Mémorial terre-neuvien de Masnières. Cinquante écoliers français disant « Merci! » et « Vive le Canada! » pendant que je distribuais les épinglettes resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

Notre quatrième arrêt a eu lieu au cimetière britannique de Marcoing. Le général Rick Hillier nous a demandé à tous de nous tenir debout devant la tombe d’un soldat, de lire son nom, son âge et son lieu d’origine et de dire « Nous nous souvenons ». Le mien était le soldat J. Lannon, âgé de 23 ans. Nous nous souvenons.

Notre deuxième journée a commencé par une courte visite au mémorial terre-neuvien de Gueudecourt, un autre site du sentier du Caribou. Ce site est relativement petit dans l’ensemble, mais il est si paisible et si beau.

Notre deuxième étape a été le cimetière britannique d’Ancre à Beaumont-Hamel, où 24 Terre-Neuviens et Labradoriens ont été enterrés. Je n’ai eu le temps de rendre hommage qu’à 22 d’entre eux.

Notre dernière étape a été le cimetière militaire du Hamel, le point culminant de notre voyage. Je ne peux même pas commencer à décrire la gravité du site. La vue du champ de bataille, où plus de 800 fils de Terre-Neuve-et-Labrador ont combattu et où seuls 68 ont répondu à l’appel le lendemain matin, est bouleversante. Le guide a indiqué l’arbre du danger qui marque la zone où les tirs et les pertes ont été particulièrement intenses, à peu près à mi-chemin du no man’s land. Ce qui était le plus remarquable, c’était les lignes de tranchées, qui ressemblaient à de petits ravins sillonnant le champ de bataille, mais qui étaient profondes de six à huit pieds lorsqu’elles ont été creusées pour la première fois. Je ne peux pas m’imaginer vivre dans cet enfer.

Les plaques de bronze commémorant les morts de Terre-Neuve-et-Labrador sont particulièrement remarquables. Elles rendent hommage aux 814 soldats qui ont donné leur vie pendant la Première Guerre mondiale et qui n’ont pas de sépulture connue.

Ce soir-là, il y a eu une réception près de l’entrée de Beaumont-Hamel, où il y a eu des discours très émouvants et une préparation à la gravité des cérémonies de rapatriement et de deux rampes le lendemain. Je n’ai pas pris de photos lors de cet événement, mais je citerai l’honorable Seamus O’Regan [traduction de l’anglais] : « Il est nous tous, tout ce que nous avons été, tout ce que nous pouvons être, notre fils. Il est notre fils. Il est maintenant temps pour lui de rentrer à la maison. Il est temps pour lui de rentrer à la maison. » Cette déclaration me fait encore pleurer.

Le dernier jour a été marqué par trois événements d’égale importance.

La première fut la cérémonie de transfert du peuple français au peuple canadien à Beaumont-Hamel. Le cercueil a été transporté jusqu’à l’avant du mémorial par six jeunes porteurs de l’armée française. Là, six jeunes membres du Royal Newfoundland Regiment l’ont déposé sur une plate-forme, drapé d’un drapeau canadien.

La deuxième cérémonie s’est déroulée à l’aéroport Albert-Picardie. Le cercueil a été transporté du corbillard à l’aire de trafic dans une procession conduite par le premier ministre de Terre-Neuve et sa famille, en présence de tous ceux qui ont eu la chance d’assister à l’événement.

La troisième cérémonie s’est déroulée à St. John’s, en dehors de la rampe d’embarquement. Au lieu d’une salve de 21 coups de canon, le personnel de l’aéroport a tiré des fusées éclairantes à des intervalles appropriés lors du passage du cercueil, ce que j’ai trouvé très émouvant. Le joueur de cornemuse a joué une magnifique élégie pendant que les porteurs du Royal Newfoundland Regiment transportaient le cercueil jusqu’au corbillard, en passant par plusieurs endroits où les membres du régiment auraient dû passer lorsqu’ils ont quitté St John’s pour se rendre en Europe.

J’ai pris l’avion pour rentrer chez moi le lendemain, bouleversé, épuisé et ravi de ce voyage. J’ai eu la chance d’être invité à boucler la boucle et à assister à la cérémonie d’inhumation le 1er juillet au National War Memorial de St John’s.

Sergent (retraité) Shawn Clarke

Le sergent (retraité) Shawn Clarke a servi dans le Royal Canadian Regiment et le Royal Newfoundland Regiment, et a servi en Bosnie et en Afghanistan.

Le 1er juillet, les Canadiens d’un océan à l’autre célèbrent ce merveilleux pays. À Terre-Neuve, cependant, les célébrations canadiennes sont reportées à midi. La matinée est réservée au souvenir, car le 1er juillet est le Memorial Day de Terre-Neuve. Ce jour est célébré de la même manière que le jour du Souvenir. Au lieu d’un coquelicot, nous portons le myosotis, la fleur du souvenir de Terre-Neuve.

Les Terre-Neuviens se rassemblent devant les cénotaphes locaux et s’alignent dans les rues pour assister aux défilés et rendre hommage aux disparus. Pendant la cérémonie, un coup de canon de campagne est tiré depuis Signal Hill à St. John’s, que l’on peut entendre dans toute la ville, afin de rappeler à tous les sacrifices consentis par ceux qui se sont battus pour le roi et la patrie.

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