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Le simple coquelicot : Un rappel de l’universalité du sacrifice

La Tombe du Soldat inconnu. Crédit photo : Adjudant-maître (retraité) Floyd Powder

Ottawa (Ontario) — Le 11 novembre 2024 — Au champ d’honneur, poème composé par le lieutenant-colonel et médecin canadien John McCrae, est probablement le poème le plus connu rendant hommage aux personnes qui ont servi notre pays. Il continue d’être lu lors des cérémonies du jour du Souvenir aux quatre coins du monde et constitue une source d’inspiration quant aux innombrables manières de remplir notre devoir, en tant que vivants, pour honorer le sacrifice des personnes qui ont laissé leur vie sur le champ de bataille.

Ce poème en a inspiré un autre moins connu qui possède sa propre histoire en ce qui a trait à l’origine du coquelicot à titre de symbole du Souvenir.

Moina Michael, une Américaine, était si émue par le premier poème qu’elle a décidé de rédiger une réponse à celui-ci, intitulée We Shall Keep the Faith (« Nous devons garder la foi »), et s’est personnellement engagée à porter un coquelicot rouge pour honorer les soldats tombés au champ d’honneur. Elle commence à fabriquer des coquelicots artificiels et à utiliser les fonds amassés grâce à cette initiative pour appuyer les retraités militaires à leur retour de la Première Guerre mondiale. Son initiative capte l’attention d’une Française du nom d’Anna E. Guérin, qui en fait la promotion. Le 11 novembre 1921, la Royal British Legion l’adopte dans le cadre de la première Campagne du coquelicot, puis le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande emboîtent le pas. C’est ainsi que le coquelicot est devenu un symbole universel du Souvenir depuis plus de 100 ans. Pensez à l’incidence de cette initiative que l’on peut voir dans les Fonds du coquelicot de nos jours!

La deuxième strophe de sa réponse est particulièrement jolie et, à mon avis, édifiante, plus d’un siècle après qu’elle l’a composée au dos d’une vieille enveloppe :

[Traduction]
Nous chérissons aussi le rouge coquelicot
Qui pousse dans les champs où la bravoure triomphe
Qui semble envoyer au ciel le message
Que le sang des héros ne s’efface jamais

Alors que je porte mon propre coquelicot cette année, je songe à toute la différence qu’une personne peut faire en continuant d’honorer ce qui peut sembler bien lointain de sa vie quotidienne, qu’il s’agisse des contributions de John McCrae, de Moina Michael ou d’Anna E. Guérin à faire du simple coquelicot le symbole emblématique du Souvenir partout dans le monde ou des possibles contributions de chacun d’entre nous en ces temps modernes. Car, en vérité, ce n’est pas une réalité bien lointaine à la nôtre, si nous nous posons cette question intemporelle : « Qui oublions-nous dans le Souvenir? »

Ici, au Canada, nous savons que plus de 118 000 braves soldats ne sont pas rentrés chez eux auprès de leurs proches au cours de la brève histoire de notre pays. Les huit Livres du Souvenir du Canada, qui contiennent les noms des Canadiens qui ont sacrifié leur vie au service de notre pays, sont actuellement exposés dans Centre d’accueil des visiteurs de la Colline du Parlement, dans la Salle du Souvenir.

Nous avons récemment pris conscience que l’on ne se souvient pas de toutes les personnes qui ont servi leur pays après leur décès.  Prenons l’exemple des lieux de sépulture et des stèles funéraires. Il est possible que ces personnes n’étaient tout simplement pas au courant des programmes offerts ou que de nombreuses années se sont écoulées entre leur service militaire et leur décès, ou encore, qu’elles ne se considéraient pas comme un vétéran. Certaines n’ont tout simplement jamais été identifiées. Il est important de sensibiliser les gens à cette réalité afin que tous ceux qui ont servi leur pays soient reconnus avec des stèles funéraires qui témoignent de leur service militaire, même ceux qui ont servi par le passé. Chapeauté par Anciens Combattants Canada et la Commonwealth War Graves Commission, un programme veille à l’entretien de plus de 300 000 stèles funéraires et lieux de sépulture de membres des Forces armées canadiennes ici et un peu partout dans le monde, même si leur mort n’est pas directement attribuable à leur service militaire. Il est particulièrement important de savoir qu’il existe un tel programme, surtout si l’on considère que certains ont été laissés à l’abandon ou qu’il n’y a plus de parent vivant pour assurer leur entretien, et ainsi maintenir ces lieux de sépulture au fil du temps.

Que ces personnes reposent dans les Flandres, à Bény-sur-Mer, à Beechwood ou à dans des lieux non marqués aux quatre coins du monde, grâce à eux elles, la bravoure règne à ces endroits. Ce sont des héros. Nous devons nous souvenir de chacun d’eux, et honorer leur vie et leur service.

Bien qu’il y ait un bilan officiel des morts pendant la guerre, nous sommes de plus en plus conscients qu’un certain nombre de personnes ne sont pas prises en compte dans ce bilan : celles qui ont perdu la vie en raison des blessures psychologiques résultant de leur service. Au fur et à mesure que les conversations au sujet de la santé mentale deviennent plus franches et ouvertes et que l’on reconnaît que les blessures psychologiques sont de véritables répercussions du militaire, lorsqu’un retraité militaire (ou un militaire en service actif) se suicide, la question que de nombreuses personnes se posent actuellement est : comment honorer leur vie de façon officielle? Nous sommes heureux de constater que, cette année, le titre de Mère nationale de la Croix d’argent (ou de la Croix du Souvenir) a été décerné à une femme qui a perdu ses deux fils en raison des répercussions du trouble de stress post-traumatique.

À l’Institut Atlas pour les vétérans et leur famille, les commentaires que nous recevons de notre communauté attestent que les blessures psychologiques ne sont pas différentes des blessures physiques que les vétérans subissent et qu’elles doivent être traitées en conséquence. Les personnes qui en sont atteintes vivent les mêmes répercussions et ne sont pas moins héroïques que celles mortes en uniforme. Par conséquent, il est impératif d’honorer leur mémoire dans la même mesure.

Alors que nous élargissons nos pratiques de commémoration pour inclure tous les types de blessures, nous avons l’occasion de devenir des leaders dans la revendication d’une reconnaissance complète des vétérans et de leur sacrifice.

Par ailleurs, notre responsabilité en tant que Canadiens ne se limite pas au jour du Souvenir. Elle s’étend aux gestes quotidiens de prise de conscience, de soutien et de sensibilisation à l’égard des réalités complexes du service militaire.  Il n’y a aucune distinction. Nous pouvons faire cette déclaration sans équivoque et nous tenir aux côtés de nos vétérans et des membres de leur famille le 11 novembre pour honorer leurs proches qui sont morts en service ou après celui-ci en raison des blessures subies.

Inspirés par le symbole immuable du coquelicot et toute la différence qu’une personne peut faire, nous pourrions aller de l’avant avec un regard nouveau : servir son pays est noble, dans toutes les circonstances, le sang des héros ne s’efface jamais et notre souvenir de chacun d’entre eux devrait persister de façon égale, peu importe la nature de leurs blessures.

— Fardous Hosseiny, président et chef de la direction de l’Institut Atlas pour les vétérans et leur famille

Visitez notre page sur la Semaine des vétérans 2024 pour en savoir plus sur les différentes façons de la souligner.