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Déclaration en réponse aux excuses présentées par le ministère de la Défense nationale aux survivants d’inconduites sexuelles liées au service militaire

Le Centre d’excellence sur le TSPT (Centre d’excellence – TSPT) considère les excuses formelles présentées par la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, le 13 décembre 2021, comme une étape positive envers la reconnaissance des préjudices subis par les personnes qui ont été victimes d’inconduites sexuelles pendant leur service au sein des Forces armées canadiennes (FAC).

Le chef d’état-major de la Défense, le général Wayne Eyre, et Jody Thomas, sous-ministre de la Défense nationale, ont également présenté leurs excuses et dit être conscients des répercussions que peuvent avoir les inconduites sexuelles liées au service militaire sur les amis et les membres de la famille des survivants, ainsi que sur les personnes qui en sont témoin. Ces excuses publiques officielles constituent une reconnaissance et une validation des expériences vécues par des milliers de membres des FAC (membres actifs et anciens membres, fonctionnaires fédéraux du ministère de la Défense nationale [MDN] et personnel des fonds non publics, dont certains peuvent aussi être vétérans) et renforcent la volonté publique du MDN et des FAC de changer les choses. Ces excuses font suite à d’autres engagements en faveur d’un changement, notamment le recours collectif Heyder Beattie, les modifications apportées aux politiques des FAC et d’Anciens Combattants Canada (ACC), ainsi qu’à d’autres efforts actuellement déployés, comme le programme de Démarches réparatrices et les fonds dédiés à l’élargissement du mandat et des services offerts par le Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle (CIIS).

Selon le Centre d’excellence – TSPT, pour que de telles excuses s’avèrent significatives, le MDN et les FAC devront poursuivre leurs efforts envers un changement de culture durable et l’égalité des genres. Il s’agit là d’assumer la responsabilité des actes répréhensibles qui ont été perpétrés, de reconnaître les répercussions de la marginalisation et de l’exclusion des femmes et des membres 2SLGBTQ+, d’assumer l’entière responsabilité de la création et du soutien d’une culture genrée et sexualisée ouvrant la porte à des inconduites sexuelles dans le contexte militaire, et d’exprimer des regrets pour ce qui s’est passé – et pour ce qui est toujours d’actualité aujourd’hui.

Bien que les femmes demeurent les plus exposées aux risques d’inconduites sexuelles au sein des FAC, les hommes et les personnes de diverses identités de genre sont de plus en plus susceptibles de vivre des expériences similaires. En effet, l’expérience de telles inconduites chez les personnes 2SLGBTQ+ et les personnes de couleur est exacerbée par la discrimination fondée sur leur différence. Les personnes appartenant à plusieurs groupes en quête d’équité subissent souvent le stress cumulatif lié à la discrimination intersectionnelle, ce qui les expose à un risque accru de développer un TSPT et d’autres problèmes de santé mentale et physique.

L’inconduite sexuelle liée au service militaire peut prendre diverses formes, notamment le harcèlement sexuel, les rituels initiatiques, les agressions sexuelles et/ou la discrimination fondée sur le sexe, le genre, l’identité de genre ou l’orientation sexuelle. Les personnes exposées à de tels comportements présentent un risque accru de dépression, de toxicomanie, de TSPT et d’autres problèmes de santé mentale et physique, y compris des problèmes de santé reproductive ou de douleurs chroniques. Cela peut entraîner un sentiment de honte et de culpabilité, une détresse morale et le sentiment d’être trahi par ses propres institutions, ce qui par ailleurs risque d’affecter la carrière de la personne touchée et sa capacité à servir son pays. En effet, les répercussions des inconduites et des traumatismes sexuels liés au service militaire (TSM : terme utilisé pour décrire les effets psychologiques, physiques et sociaux ou les « blessures » que peuvent ressentir les personnes qui subissent une inconduite sexuelle liée au service militaire ou qui en sont témoins) peuvent avoir une résonance sur l’ensemble de la vie.

Nous sommes conscients que le MDN et les FAC ne peuvent à eux seuls livrer une telle bataille. C’est pour cette raison que depuis 2019, le Centre d’excellence – TSPT s’est joint à un groupe de personnes aux réalités variées, composé de chercheurs, de décideurs, de cliniciens, de représentants gouvernementaux ainsi que de personnes ayant personnellement vécu de tels traumatismes, qui ensemble forment la Communauté de pratique canadienne sur les traumatismes sexuels liés au service militaire (Cdp – TSM). La Cdp – TSM a organisé un symposium international en trois parties afin de sensibiliser la population à cet enjeu critique et de faire progresser les efforts des organismes et des intervenants qui soutiennent les personnes touchées par les TSM, en plus de produire un feuillet de renseignements sur les TSM. La Cdp – TSM entend continuer à soutenir les efforts actuels engagés par le MDN et les FAC par l’entremise de travaux de recherche effectués par ses membres, la mise en commun des connaissances et son engagement à accroître la sensibilisation du public. Le Centre d’excellence – TSPT demeure déterminé à collaborer avec les personnes touchées par les TSM, la Cdp – TSM et d’autres partenaires du réseau afin de soutenir les efforts déployés dans l’ensemble du système qui permettront d’apporter les changements durables dont nous avons tant besoin.