J’aime mon travail

J’aime mon travail. Comme, A majuscule, j’Aime mon travail.

On m’entend souvent expliquer aux gens à quel point il est surréaliste d’avoir les opportunités que mon rôle m’offre – de faire entendre la voix de l’expérience des familles de vétérans au niveau national. Je travaille avec des chercheurs, des universitaires et des professionnels qui excellent dans leur domaine. J’ai même l’occasion de co-animer un balado  et de parler de sujets tels que le soutien à mon conjoint atteint d’une blessure de stress post-traumatique (BSPT), la communication efficace  et les impacts des blessures de santé mentale sur les familles de vétérans. Et je me sens aussi appréciée et respectée en tant qu’experte que le reste de mes collègues. Je suis à l’apogée d’une carrière très enrichissante et j’ai la chance de pouvoir rendre service à ma communauté. Il est gratifiant de savoir que je peux offrir une expertise fondée sur mon expérience en tant que membre de la famille d’un vétéran atteint d’une blessure de stress post-traumatique.

Mais je veux être totalement transparente sur un point. Je n’ai pas encore tout compris. Même si je suis extrêmement fière d’être membre d’une famille de vétérans, ce n’est pas toujours facile. Le traumatisme est difficile à supporter. Il ne se résout pas de façon magique ou ne disparaît pas avec le temps. Pour mon partenaire, mes enfants… pour moi.

Ces derniers temps, je n’ai pas été la conjointe le plus coopérative qui soit. Je peux être une mère autoritaire. De plus, j’ai lutté contre ma propre santé mentale l’année dernière. La fatigue de la compassion n’est pas une plaisanterie. Elle m’a prise au dépourvu et m’a obligée à devenir une priorité pour moi-même, ce qui n’est pas facile. Je suis tellement plus douée pour m’occuper des autres que pour prendre soin de ma personne. Et d’ailleurs, où se situe la limite entre le soin de soi et l’égoïsme ?

Quel est donc l’intérêt de partager cela ? De nombreux membres de la famille ne parlent pas du fait que le service, effectué par leur proche, peut avoir un impact sur eux, ne le reconnaissent pas ou ne l’admettent même pas. Après tout, ce n’est pas nous qui avons porté l’uniforme ou qui avons subi une blessure à la suite du service. C’est pourquoi je crois qu’il est important de dire franchement que même si je travaille dans le domaine de la santé mentale des vétérans et de leur famille, que j’anime des discussions sur l’importance des soins personnels et de la communication et que j’aide à créer des ressources pour les autres membres de la famille, j’ai encore beaucoup de choses à améliorer sur le plan personnel.  Je veux donc que vous sachiez que ce n’est pas grave si, certains jours, vous avez l’impression de ne pas avoir tout compris. Je crois que cela fait partie de l’expérience humaine.

Je continue à travailler pour me remettre sur les rails. Je le fais en partie seule et, pour une autre partie, j’ai besoin de m’appuyer sur quelques personnes. Et pour une « membre de la famille des vétérans farouchement indépendant et résilient », c’est une chose assez difficile à faire. Peut-être que cela fait partie de la croissance personnelle. En attendant, je continuerai à investir en moi-même comme j’ai investi dans les autres.

Et si jamais je trouve la solution, je vous le ferai savoir.

— Laryssa

Laryssa Lamrock
Conseillère stratégique nationale – Famille
Institut Atlas pour les vétérans et leur famille